Maudite pluie. Été de mes fesses! Des orages, de la merdouille et une soirée gâchée. Au moins, on a sauvé le cocktail qui lançait la Coupe Rogers.

J'ai toujours aimé le tennis féminin. Les échanges sont souvent plus longs et les filles savent monter des coups qui tiennent autant de la stratégie que de l'habileté physique.

Mais comme le sport est une affaire de mental, le match le plus fascinant que j'aie vu cette année s'est joué à Toronto. Le soir où Roger Federer s'est effondré contre Gilles Simon, un Français qui se baladait parmi les 30 meilleurs au monde.

Fascinant parce que c'est dans sa tête que Federer s'est effondré. Il a gagné facilement le premier set et quand Simon s'est accroché dans le deuxième, Federer s'est mis à se demander «s'il savait encore gagner». C'était palpable. Je me suis dit que dans le dernier set, le grand champion, le numéro 1 mondial, saurait se servir de son expérience pour se tirer d'embarras. Effectivement, il a pris l'avance et tout semblait sous contrôle.

C'est la dureté du mental, clame Marc Messier dans Les Boys. À Toronto, Federer a montré que c'était par le mental qu'il perdrait son titre de numéro un. Que le mental n'avait pas encaissé les défaites subies à Roland-Garros et à Wimbledon contre Nadal. On a vu Federer se briser sous nos yeux. On l'a vu changer de raquette, on l'a vu charger sur son coup droit, on l'a vu prendre des risques parce qu'il voulait faire plier Simon trop rapidement lors de certains échanges, on a vu son visage se décomposer, on a vu un champion qui se savait battu.

Rafael Nadal n'est pas encore numéro un. Mais avec une bonne performance à Cincinnati, ça va être réglé. Après plus de quatre ans d'un règne qui semblait s'éterniser.

Il se peut fort bien que Federer se repose, se refasse une santé sportive, qu'il retrouve le mordant qui en faisait un extraordinaire champion. Mais dans la vie, une fois qu'on a douté de soi, il est très difficile de rester inconscient devant sa propre vulnérabilité.

Mais surtout, ce genre de match rend les athlètes encore plus attachants. Il ne faut jamais oublier que l'acte sportif en soi, est insignifiant. Pousser un puck dans le coin de la patinoire, c'est rien. Aller le chercher malgré l'arrivée de 225 livres de muscles qui veulent vous écraser dans la bande, c'est un acte de courage et de bravoure qui donne toute sa signification au sport.

Sinon, pourquoi sauter huit pieds quand on peut prendre un escalier?

Yankees contre Red Sox au Fenway Park

Vendredi dernier, après quatre décennies de journalisme sur cinq continents, j'ai mis les pieds à Fenway Park pour la première fois. Et c'était pour un match opposant les Yankees de New York aux Red Sox de Boston. J'étais à Boston pour la Randonnée du Kid avec Marcel Aubut, Reynald Brière, Jean Pagé, Lucien Rémillard et d'autres Marcel's Angels. Douze en tout. Comment a-t-il fait pour dénicher douze tickets dans la ligne du premier but pour un match à guichets fermés depuis des mois, ce serait trop long à raconter. Mais j'étais à Fenway Park en fin d'après-midi.

J'ai rencontré des Québécois qui espéraient mettre la main sur quelques billets auprès des scalpers. D'autres qui voulaient juste être aux portes du stade mythique dans les heures précédant le match.

C'est vrai que c'est extraordinaire. Comme c'est vrai que ce n'est pas le confort d'un stade qui assure le succès d'une équipe. J'étais dans la section 14, siège numéro 1, rangée 6. Avec une belle colonne qui me cachait l'arrêt-court. Coincé dans un bout de rangée dans un racoin qui ne me permettait pas de bouger de ma place à moins de déranger 20 personnes. Faisait chaud, y avait pas d'air mais c'était quand même fabuleux.

En entrant dans l'enceinte du stade, on réalise qu'on a condamné une rue pour en faire une allée où les gens se garrochent pour se rendre aux boutiques de souvenirs des Red Sox. C'est grand comme le Costco de Saint-Jérôme. On peut y acheter tout ce qu'on peut imaginer avec l'écusson et les couleurs des Red Sox.

Puis, on descend dans le lobby du stade en marchant sur un trottoir de ciment tellement usé qu'il en devient glissant.

Il avait plu des cordées la veille et le gazon était d'un vert tendre. Ça sentait un mélange de gazon frais et de pop corn ou de hot dogs relish moutarde. Et l'ambiance est vraiment spéciale. Toute axée sur la famille et le baseball. Le tableau indicateur fournit toutes les statistiques qu'on peut inventer et elles changent à chaque tir ou à chaque présence au bâton.

Comme la veille, on s'était tapé 11 heures de moto sous une pluie diluvienne et que la journée même, le soleil avait tapé dur sur les cocos pas de casque dans le Rhode Island, je ne suis pas resté jusqu'à la fin. Je serais mort avant la neuvième manche.

Mais j'en savais assez pour me faire une bonne idée. Un soir chaud de juillet, dans un beau stade de 38 000 sièges, juste au bout de la rue de la Montagne, au pied du Centre Bell, avec une vue impayable et poignante de Montréal en été, les Expos contre les Dodgers de Los Angeles, les belles filles et les beaux gars, l'odeur du gazon et de la pizza, la bière fraîche, le son de la balle dans la mitaine du receveur, le crac du bâton contre la balle, un été sans point ni coup sûr

Dans le fond, on n'est pas conscient de ce que Montréal a perdu quand les Expos sont partis

C'est aussi bien comme ça. Sinon, on déprimerait

Dans le calepin

La ministre Michelle Courchesne et le premier ministre Jean Charest étaient les invités dans le salon Rogers. J'ai longuement discuté avec Mme Courchesne. Ce n'est pas Georges Laraque qui va lui faire peur. Je dis ça comme ça