On voulait y croire. Greg Norman, 53 ans, semi-retraité du sport depuis plus de cinq ans, qui remporte l'Omnium britannique. Le Grand requin blanc a une fois de plus manqué sa chance. Comme dans les années où il était clairement le meilleur joueur au monde, il s'est mis en position et a été incapable de finir le travail.

On se souviendra des multiples miracles dont il a été victime: l'approche calée de Larry Mize en prolongation, au Tournoi des Maîtres et celle de Bob Tway, de la fosse de sable, au dernier trou du Championnat de la PGA, entre autres. Mais il y a toutes les autres fois où il s'est coulé lui-même avec une mauvaise dernière ronde ou un coup horrible au moment crucial. Je ne veux surtout pas dénigrer la grande carrière d'une super vedette, mais il faut avouer que s'il avait été la moitié du closer qu'est Tiger Woods, Norman aurait au moins une dizaine de majeurs en poche.

À bien y penser, le surnom du Grand requin blanc lui va à merveille. Dans Jaws, le classique de Peter Benchley, le requin blanc bouffe le capitaine et le bateau, rate de peu le scientifique, puis se fait exploser la tronche par le dernier, le chef de police celui qui avait peur de l'eau.

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Je vais vous en apprendre une bonne. L'Omnium canadien RBC commence aujourd'hui au club Glen Abbey, à Oakville, en banlieue de Toronto. Notre tournoi a hérité d'une des pires dates du calendrier de la PGA. Pour être pire que ça, tu dois être opposé à un tournoi majeur ou de la série des World Championships. Assez ordinaire pour un tournoi qu'on considérait le cinquième majeur il y a 25 ans. J'ai joué mon premier Omnium canadien ici même, au club Royal Montréal, en 1980 et toutes les vedettes étaient présentes; Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Lee Trevino, Johnny Miller, Tom Watson, Tom Weiskopf, la crème de la crème du filet mignon. Je n'avais que 20 ans et je vous jure que j'avais les yeux ronds. J'avais même joué une ronde d'entraînement avec le grand Miller, un talent exceptionnel pour le golf et le chiâlage. Les chiâleux de classe internationale, comme Miller, peuvent trouver des poux sur la tête d'un pou. Ils remarquent des détails que le commun des mortels ne voit pas. C'est ce talent, autant que ses connaissances, qui en on fait un des meilleurs analystes de golf.

Un seul Québécois participe à l'Omnium canadien cette année. Éric Landreville, professionnel au club de golf Bellevue, a mérité sa place en gagnant le Championnat des professionnels de clubs du Canada l'automne passé, en Floride. Éric est un très bon joueur, mais comme plusieurs autres, il n'a jamais eu la chance de jouer au golf à plein temps pour atteindre son plein potentiel.

À exactement 13h35 aujourd'hui, sur le premier tertre de départ du club de golf de Glen Abbey l'annonceur maison va présenter notre copain (habituellement en français): «Suivant sur le départ, de Léry, Québec, Éric Landreville» et son coeur va essayer de sortir de son corps en entraînant son estomac et ses poumons avec lui. Il va mettre la balle sur le tee et se surprendre lui-même d'avoir réussi cet exploit du premier coup. Il va ensuite frapper un bon coup de départ et avant que la balle ne touche le sol il aura entendu au moins trois fois «Lâche pas Éric!» Et il ne lâchera pas Bonne chance Éric!

Professionnel au club La Vallée des Forts, Jean-Louis Lamarre est l'un des meilleurs joueurs au Québec.