Les dirigeants de l'Association royale de golf du Canada (ARGC) doivent sourire aujourd'hui, alors que commence l'Omnium canadien, principal tournoi qu'ils organisent.

Le simple fait que l'Omnium revienne cette année constitue en soi une petite victoire. À pareille date l'an dernier, on craignait pour sa survie. Il souffrait d'une double conjoncture: le désistement de son commanditaire en titre, Bell (devenu depuis commanditaire «grand partenaire») et la nouvelle hausse des frais de télévision facturés par la PGA.

«(L'édition 2007 de) l'Omnium devrait enregistrer des déficits de plus de deux millions», a expliqué à La Presse, l'été dernier, Craig Sharp, directeur des ventes, du marketing et des communications à l'ARGC.

Ce contexte a eu raison l'année dernière de l'International, un tournoi pourtant assez prestigieux. L'ARGC, elle, a évité le pire. Elle a trouvé depuis un commanditaire en titre, la RBC (Royal Bank of Canada). Jusqu'en 2012, l'Omnium canadien devient donc l'Omnium canadien RBC.

«Cette année, nous ne ferons pas d'argent, mais nous devrions faire nos frais», a assuré hier Craig Sharp en entrevue téléphonique.

Il a refusé de dévoiler combien lui verse la RBC. Certains estiment la somme à environ cinq millions par année.

Si l'Omnium prévoit malgré tout ne pas engranger de profits, c'est surtout à cause de la hausse des frais de télévision. Selon un contrat signé entre le circuit de la PGA et ses tournois, ceux-ci doivent payer un montant fixe annuel pour être télédiffusés. Le dernier contrat est entré en vigueur en janvier 2007 et durera jusqu'en 2012. Ni la PGA ni les tournois ne chiffrent la hausse de cotisation exigée des tournois. Mais elle serait «très substantielle», a avancé Craig Sharp.

Des répercussions sur le golf amateur

La santé économique de l'Omnium préoccupe le golf amateur canadien. Car c'est aussi l'ARGC, un organisme à but non lucratif, qui gère les différents programmes de golf nationaux, autant le développement des juniors que la recherche sur le gazon. Moins d'argent à l'Omnium signifie moins d'argent à l'ARGC et à ses programmes.

«L'Omnium était profitable il y a quelques années, a rappelé Craig Sharp. Plus maintenant. Cela signifie qu'on perd une source de financement pour nos différents programmes nationaux. Ils doivent maintenant se financer par eux-mêmes. C'est une différence importante.»

Par exemple, l'Omnium 2006 avait amassé environ deux millions en profits. Grâce à cette somme, l'ARGC avait réduit son déficit annuel à 781 687$ en 2006.

En quĂŞte de vedettes

Phil Mickelson, Ernie Els, Sergio Garcia, Geoff Ogilvy, Padraig Harrington, Adam Scott. Tous ces joueurs ne fouleront pas les allées de Glen Abbey cette semaine. Seuls deux des 20 meilleurs joueurs au monde y seront: Anthony Kim et le champion défendant, Jim Furyk. Fred Couples, Retief Goosen, Camilo Villegas et les Canadiens Mike Weir et Stephen Ames complètent le tableau des têtes d'affiche.

Rien pour enthousiasmer l'ARGC. Car la santé d'un tournoi dépend en bonne partie de sa capacité à attirer les vedettes. Et la compétition est féroce. La saison de la PGÀ compte environ 40 tournois, mais la plupart de ses membres en jouent moins de la moitié.

L'Omnium peinait déjà depuis quelques années à attirer des vedettes comme Tiger Woods et Mickelson. La situation s'est empirée l'année dernière avec le nouveau calendrier de la PGA. Le tournoi se déroule maintenant à la fin du mois de juillet. Tout juste après l'Omnium britannique et juste avant l'Omnium des Légendes Reno-Tahoe, dernière tranche des Championnats mondiaux, et le Championnat de la PGA. Bref, coincé entre trois des plus importants tournois de l'année. Les meilleurs au monde préfèrent se reposer plutôt que de visiter la banlieue de Toronto.

«Bien sûr, la date (du tournoi) nous nuit, a avoué Craig Sharp. Mais notre organisation et RBC ont déjà rencontré les responsables de la PGÀ pour demander qu'elle soit changée. L'horaire actuel reste en vigueur jusqu'en 2012. On espère une nouvelle date à partir de là.»

En attendant, l'Omnium essaie du mieux qu'elle peut d'attirer les vedettes. Dimanche dernier, l'ARGC nolisait un avion pour transporter Mark Calcavecchia et quelques autres joueurs et leurs familles de l'Angleterre à Toronto. «La majorité des frais de voyage leur étaient payés», a indiqué Craig Sharp, sans vouloir les chiffrer.

Dorloter les pros

L'ARGC trouve d'autres moyens de dorloter les pros. Par exemple, le commanditaire BMW leur prête des voitures de luxe pendant le tournoi. Mais ce qui importe le plus pour les joueurs, c'est le terrain, a précisé Craig Sharp. Cette année encore, l'Omnium retourne à Glen Abbey, un parcours pourtant souvent critiqué par les pros et les Canadiens de l'extérieur de l'Ontario, qui aimeraient accueillir plus souvent l'événement.

«Ces critiques portent sur des vieux aspects du parcours, a déclaré Craig Sharp. Les ajustements ont été apportés depuis cinq à 10 ans. Nous avons ajouté des arbres et redéfini les contours des trous depuis. Et pour accueillir les spectateurs, le Glen Abbey demeure un des meilleurs parcours au pays.»