Un bon vieux cliché du cyclisme veut que le contre-la-montre soit l'épreuve de vérité. Si cet adage a parfois ses limites dans une épreuve qui s'est déroulé le quatrième jour d'une course qui en dure 23, nous avons déjà quelques indications sur les prétendants au classement général.

Malgré de grandes performances de coureurs tels Stefan Schumacher, vainqueur-surprise de l'étape et nouveau maillot jaune, Fabian Cancellara cinquième mais un peu en deçà des attentes, et David Millar là où on l'attendait, ces derniers sont encore un peu trop limités en haute montagne pour joindre les rangs des vainqueurs potentiels.

Les «vrais» favoris du tour qui ont montré leurs cartes sont Cadel Evans, Denis Menchov et Damiano Cunego, le grimpeur italien, qui a surpris en limitant les dégâts. Le luxembourgeois Kim Kirchen a lui aussi surpris et représente une énigme après sa 7e place au classement final du Tour de France de l'an dernier.

Parmi les déceptions du jour, mentionnons surtout Alejandro Valverde qui a perdu de précieuses secondes. L'Espagnol avait pourtant été impressionnant en juin sur les routes du Dauphiné Libéré, tant en montagne que dans les contre-la-montre (loin d'être pas sa spécialité).

Les trois premières étapes de ce Tour furent plus enlevantes qu'à l'habitude suite au retrait du traditionnel prologue. La moyenne montagne se profile à l'horizon elle aussi un peu plus tôt qu'à l'habitude. Les sixième et septième étapes traverseront le massif central et présenteront les premières difficultés avec plusieurs cols de deuxième catégorie. Le classement général ne s'y décidera pas, mais nous aurons tout de même une bonne idée de l'état de forme des prétendants.

Ce sera aussi l'occasion pour certains attaquants de prendre le large. Parmi eux, le seul coureur canadien au départ, le britano-colombien Ryder Hesjedal, 27 ans, qui dispute son premier tour sous les couleurs de la formation américaine Garmin-Chipotle. Très bon grimpeur mais pas tout à fait au niveau des meilleurs en très haute montagne, ce terrain lui convient parfaitement pour tenter sa chance pour une victoire d'étape.

Joint au téléphone avant le tour, il nous a révélé vouloir avant tout veiller sur ses deux leaders Christian Vandevelde et Trent Lowe, tout en profitant des opportunités lorsqu'elles se présenteront.

C'est ce que son coéquipier Will Frischkorn a fait dans la troisième étape en attaquant dans les premiers kilomètres, emmenant 3 autres coureurs avec lui.

Malgré les faibles chances d'une telle opération, l'échappée s'est rendue au bout et Frischkorn a réussi un tour de force en terminant deuxième d'une étape du Tour de France. Il est aussi un néophyte, et un tel résultat va sans doute propulser sa carrière.

C'est toute la beauté de ce sport : il y a, de temps en temps, une récompense pour les courageux qui partent de loin. En attendant la vraie bataille en haute montagne, nous devrions avoir un excellent spectacle ces prochains jours pour les victoires d'étapes.

Âgé de 34 ans, Dominique Perras est un cycliste professionnel québécois et membre de l'équipe nationale canadienne depuis 1992. Il est l'un des premiers cyclistes québécois à joindre les rangs d'une équipe professionnelle en Europe. Il a été Champion canadien sur route en 2003 et a représenté le Canada aux Championnats du monde professionnel et aux Jeux du Commonwealth.