Un des premiers professionnels du Royal Ottawa, John Oke, a remporté le tout premier Omnium canadien. Un de ses successeurs, John Kefner, a gagné ceux de 1909 et 1914.

Un des premiers professionnels du Royal Ottawa, John Oke, a remporté le tout premier Omnium canadien. Un de ses successeurs, John Kefner, a gagné ceux de 1909 et 1914.

Mais depuis que le tournoi Alexandre de Tunis a été établi en 1950, à titre de premier joyau de la Triple couronne du golf amateur québécois, aucun membre du prestigieux club plus que centenaire n'avait remporté cette compétition.

Jusqu'à hier, lorsque le Gatinois Marc-Étienne Bussières, à sa première année comme membre à cet endroit, a réussi l'exploit, sur "son" terrain par surcroît, le Royal Ottawa étant l'hôte du Tunis dans le cadre d'une rotation avec le Rivermead et le Ottawa Hunt.

Deux trous de prolongation

Pour ce faire, il a eu besoin de deux trous de prolongation pour finalement avoir raison du jeune Julien Goulet, du Mirage, qui l'avait imité en ramenant une carte de 68 (trois sous la normale) lors du deuxième parcours, ce qui leur avait permis à tous les deux de doubler le meneur après la première ronde, Hugo Chamberland-Lauzon, qui s'est contenté d'un 72 hier après son 67 de dimanche.

Au premier trou de prolongation, Bussières, 21 ans, et Goulet, 16 ans, ont tous deux réussi des oiselets sur le 18e trou, ce qui les a ensuite renvoyés au premier trou, une normale cinq longeant le chemin d'Aylmer.

Après avoir envoyé son coup de départ près d'un arbre du côté gauche, Bussières a logé un coup de fer de 205 verges au fond du vert, un coup qu'il a lui-même qualifié "d'incroyable". Après avoir manqué de peu son coup roulé d'une vingtaine de pieds pour l'aigle, il a vu son adversaire toucher la coupe sans que sa balle tombe dans le trou avec son roulé pour l'oiselet, puis il a calmement calé son "putt" de quatre pieds.

"C'est vraiment spécial de gagner ce tournoi chez nous, je suis vraiment content. C'est un des tournois majeurs, un des joyaux de la Triple couronne, et j'en ai maintenant un premier à mon crédit. C'est quelque chose", a dit le Gatinois qui étudie depuis deux ans à l'Université South Alabama.

Très peu d'erreurs

Au cours de ses deux journées sur le parcours aux verts ultrarapides, Bussières n'a presque pas commis d'erreurs, sauf un vert de quatre roulés dimanche au 11e trou et un boguey au 15e trou quand il a tiré son coup de départ et son coup d'approche à gauche, ouvrant la porte à Goulet.

S'étant rapproché à un coup du Gatinois avec un aigle au 14e trou, le jeune homme a appris quand il était dans l'allée du 18e trou qu'il n'avait qu'un coup de retard sur le meneur. Il a promptement frappé un coup de bois-5 de 230 verges sur le vert et il avait un roulé pour un autre aigle qui lui aurait procuré la victoire sur une distance de 20 pieds. Mais il a raté de quelques pouces.

"Je pensais que ce 'putt' était dedans, tout comme celui que j'ai raté de peu au deuxième trou de prolongation. Mais ce n'est pas trop grave, je suis content d'avoir si bien joué à mon premier tournoi amateur et je vise maintenant faire partie de l'équipe du Québec au championnat canadien amateur", a indiqué le jeune homme qui peut encore compétitionner chez les juvéniles (16 ans et moins).

Avec sa victoire, Bussières a pris une sérieuse option sur une des quatre places sur l'équipe du Québec à l'issue des trois tournois majeurs (le Duc de Kent et le Championnat amateur étant les deux autres). Il a aussi mérité une invitation à l'Omnium de Montréal, événement du circuit canadien professionnel qui aura lieu du 14 au 17 août.

Premier champion francophone

Nerveux avant sa ronde, il disait avoir bien géré son stress avec l'aide de son cadet, Ismaël Dufour, un bon amateur qui avait raté la coupure la veille après avoir joué 80. Ce dernier a tenté de savoir où son ami en était auprès de l'entraîneur de Bussières, le pro du Château Cartier Guy Beaulieu, avant le 36e trou réglementaire (il menait alors par un coup). "Dis-lui juste de continuer à attaquer", a été la réponse.

"Il savait ce qui se passait mais il ne voulait pas que je le sache. J'imagine que finalement, c'était correct comme ça", a relaté Bussières, qui s'était contenté d'une normale quand il a envoyé son approche dans une fosse de sable.

Tout s'est finalement bien terminé pour Marc-Étienne Bussières, qui a pu faire son entrée dans la petite histoire du Royal Ottawa et dans celle du Alexandre de Tunis, dont il est le premier champion francophone issu de la région de l'Outaouais (les Glen Seely, Mike Brown et Bill Holzman l'avaient remporté auparavant).

mbrassard@ledroit.com