Stéphanie Dubois et Aleksandra Wozniak ont vécu deux journées bien différentes hier au parc Jarry.

La première a signé hier ce qui pourrait bien être la plus éblouissante performance de la part d'une Québécoise à la Coupe Rogers en battant Maria Kirilenko. La seconde a été battue par la deuxième favorite, Jelena Jankovic, s'inclinant en deux sets de 6-0 et 6-4.

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Dubois avait provoqué la surprise il y a deux ans en éliminant la deuxième mondiale, Kim Clijsters, mais sa victoire avait été acquise à la suite d'un forfait de la Belge qui avait remporté la première manche 6-1.

Ce que Stéphanie Dubois a accompli hier après-midi, toutefois, non seulement battre la 20e mondiale Maria Kirilenko, mais pousser celle-ci dans ses derniers retranchements en lui livrant une furieuse bagarre, lui arracher la victoire dans le jeu décisif, après avoir surmonté un déficit de 5-4 dans la dernière manche, relève de l'exploit titanesque.

La jeune femme de 21 ans l'a emporté 6-2, 2-6 et 7-6(4) au terme d'un match de deux heures cinquante ponctué de longs échanges endiablés.

«C'est la plus grosse victoire, en effet, confiait le directeur du tournoi, Eugène Lapierre, en fin de journée. On voyait qu'elle était de calibre pour rester dans le match avec elle jusqu'à la fin. Et c'est elle qui a été la plus forte mentalement pour arracher la victoire. Il a fallu qu'elle sorte de gros coups pour gagner, ce n'est pas l'autre qui lui a donné.»

Dubois, classée 122e au monde, était évidemment radieuse dans la salle d'entrevue. «Ça a été une grosse bataille. J'ai gagné contre une top 20 et elle a bien joué. Je pense avoir bien géré mes points dans les moments importants. Je restais concentrée et je savais ce que je voulais faire.»

La Lavalloise a commencé en force et surpris son adversaire dans la première manche avec des coups puissants du fond de terrain, et sa mobilité coutumière. Kirilenko, détentrice de deux titres de la WTA en 2008, n'allait pas se faire éliminer si facilement et elle a commencé à varier ses coups davantage. Les échanges ont été corsés dans le second set mais la Russe l'a emporté facilement.

C'est dans la troisième manche que la bagarre a atteint son paroxysme, les deux jeunes joueuses ne parvenant pas à s'échapper avec une avance. Les carottes semblaient cuites pour Dubois lorsque Kirilenko s'est amenée au service avec une avance de 5-4 (et des balles neuves), mais Dubois a montré beaucoup de force morale.

«Ma défaite à Wimbledon n'était pas très agréable parce que j'ai perdu deux balles de matchs (contre Chakvetadze) mais si je regarde aujourd'hui, je pense que ce match, et quelques autres, m'ont servi dans les moments importants.»

Kirilenko a louangé son adversaire, qu'elle affrontait hier pour la première fois. «Elle bougeait très bien tout au long du match. On voyait qu'elle était prête physiquement. Elle a été meilleure que moi.»

Outre Clijsters, Stéphanie Dubois n'avait jamais réussi à vaincre une joueuse classée parmi le vingt au monde.

Ironiquement, l'entraîneur de Stéphanie Dubois, Simon Larose, avait fait vibrer le stade de façon semblable il y a quelques années en vainquant Gustavo Kuerten dans une victoire improbable. «Simon m'aide beaucoup dans ces moments. Il croit en moi et me donne confiance.»

Dubois aura besoin de toute sa confiance cet après-midi. Elle affrontera Jelena Jankovic, tombeuse d'Aleksandra Wozniak.

Wokniak s'est heurtée à un véritable mur hier. En Australie en 2007, elle s'était inclinée 6-3, 6-3 contre la Serbe. Pas de quoi rougir, au contraire. Mais hier, le combat a semblé plus inégal encore. Lors du premier set, Wozniak a été déclassée: en 20 petites minutes, Jankovic l'a blanchie, lui laissant seulement cinq jeux

Au deuxième set, la deuxième tête de série a continué de faire courir le Québécoise d'un côté à l'autre du court. Wozniak s'est bien accrochée. Les coups étaient plus précis, plus puissants, plus sûrs. Elle a même brisé deux fois le service de la Serbe, devenue brouillonne.

Mais au final, la logique l'a emporté.