Le cyclisme français a confisqué les honneurs lundi dans la troisième étape du Tour de France, à l'arrivée à Nantes, où la victoire est revenue à Samuel Dumoulin et le maillot jaune à l'espoir Romain Feillu, âgé de 24 ans.

Sur les quais de Nantes, Dumoulin (Cofidis) a devancé ses trois compagnons d'une échappée lancée dès le premier des 208 kilomètres de cette étape par l'Américain Will Frischkorn, deuxième sur la ligne.

Feillu (Agritubel) a pris la troisième place de l'étape avant l'Italien Paolo Longo, débordé dans le dernier kilomètre.

Le premier peloton, réglé par l'Australien Robbie McEwen devant l'Allemand Erik Zabel, est arrivé avec un retard de 2 min 03 sec.

Entre soleil et averses répétées, le scénario répétitif d'un retour du peloton a été contredit pour une fois dans cette étape de plaine, sans la moindre côte au programme.

Frischkorn a lancé la bonne échappée dès la sortie de Saint-Malo, avec ses trois compagnons. Le quatuor de baroudeurs s'est assuré une avance qui a approché le quart d'heure avant de se réduire à neuf minutes jusqu'à une soixantaine de kilomètres de l'arrivée.

Menchov retardé

Dans la dernière heure, une chute collective a morcelé le peloton et rejeté dans un deuxième groupe le Russe Denis Menchov et l'Italien Riccardo Ricco dont les équipiers ont mené une chasse vive mais vaine.

À l'arrivée, Menchov et Ricco ont cédé 38 secondes aux favoris du Tour.

Un deuxième peloton, comprenant notamment le Français Christophe Moreau et le Colombien Mauricio Soler, a terminé à près de cinq minutes des hommes de tête.

Pour le gain de l'étape, Dumoulin a attaqué aux 1500 mètres. Il a été suivi par Frischkorn puis par Feillu qui a contré aussitôt.

«Il m'a manqué de la force pour gagner», a reconnu le nouveau maillot jaune qui a vu revenir Dumoulin avant la dernière ligne droite.

À 27 ans, le coureur né dans la banlieue de Lyon, l'un des plus petits gabarits du peloton (1,58 m), a signé son premier succès dans le Tour, en même temps que la première victoire française dans l'édition 2008.

«Depuis le temps que j'attends une grande victoire comme ça !», a savouré Dumoulin, qui doit épouser en octobre Magalie, la fille de son ancien directeur sportif de l'équipe Vincent Lavenu.

«Tout le monde croyait que ça allait arriver au sprint», a ajouté le vainqueur. «Je n'ai pas pensé à la victoire jusqu'à au moins 50 kilomètres de l'arrivée. Mais je me suis dit qu'au moins je prendrai du plaisir à être à l'avant».

«J'y ai cru toute la journée», a déclaré pour sa part Feillu. «Je savais que si on arrivait pour la gagne, j'avais des chances de prendre le maillot jaune».

Le premier «chrono»

Après un début de saison gâché par une toxoplasmose, le Français, médaillé d'argent du Championnat du monde espoirs (moins de 23 ans) en 2006, est vite revenu en forme pour convaincre ses directeurs sportifs de le retenir pour le Tour.

Révélation de la saison dernière, quand il avait gagné notamment le Tour de Grande-Bretagne et Paris-Bourges dès sa première année chez les professionnels, Feillu est devenu le premier Français à endosser le maillot jaune depuis Cyril Dessel en 2006.

Au classement général, le nouveau leader compte 35 secondes d'avance sur Longo à la veille du premier contre-la-montre, sur 29,5 kilomètres, à Cholet.

L'Espagnol Alejandro Valverde qui portait le maillot jaune occupe désormais la quatrième place à 1 min 45 sec du nouveau leader.

«Je ne sais pas du tout comment je vais récupérer», a avoué Feillu. «Une avance de 1 min 52 sec, ce n'est pas beaucoup sur un super rouleur comme (Fabian) Cancellara».

Cette 4e étape forme une boucle de 29,5 kilomètres à l'ouest de Cholet (56.000 habitants), ville de départ et d'arrivée de ce premier contre-la-montre.

Le parcours, souvent rectiligne, emprunte des routes roulantes, le plus souvent planes mais partiellement en faux-plat dans la partie centrale.

L'horaire a été calculé sur une moyenne de 52 km/h, significatif d'un tracé rapide privilégiant les rouleurs puissants.