Comme prévu, la première ascension finale d'un col digne de ce nom, à Super Besse dans le Puy-de-dôme, ne nous a pas révélé l'identité du vainqueur du Tour de France.

La victoire de l'Italien Riccardo Ricco, un puncheur- grimpeur hélas trop faible au contre-la-montre, devant Alejandro Valverde, ne fait pas de lui un prétendant au maillot jaune sur les Champs Élysées. Mais une victoire d'étape au Tour de France reste un fait d'arme dans la vie d'un coureur cycliste professionnel.

Le Luxembourgeois Kim Kirchen, surprenant au contre-la-montre et que je qualifiais d'énigme en ces lignes il y a quelques jours, s'est emparé du jaune à la suite d'une chute de Schumacher dans le dernier kilomètre.

Peu de surprise donc, et le super favori Cadel Evans pointe en 2ème place du classement général à 6 petites secondes. Il s'agit de la meilleure place à occuper pour un favori puisqu'il n'a pas à faire rouler ses équipiers pour défendre le maillot.

L'équipe Columbia de Kirchen s'en chargera ainsi que la Caisse d'Épargne de Valverde qui visera encore une victoire d'étape.

L'équipe de Cadel Evans est, de toute façon, bien loin d'avoir les mêmes chevaux vapeurs que le train bleu des US Postal/Discovery d'Armstrong, capable de contrôler la course pendant plus de deux semaines. Le plus tard Evans s'emparera du maillot jaune, le mieux se sera pour lui.

50 mètres

Les français ont de nouveau tout tenté hier. Le champion de France Nicolas Vogondy est passé à 50 mètres de remporter la 5ème étape à Châteauroux après une échappée de plus de 200km avec deux compatriotes.

Pourtant, à 40km de l'arrivée il ne semblait guère avoir de chance possédant une mince avance de 2 minutes.

Mais les trois coureurs nous ont démontré toute leur expérience, en faisant le coup classique de la gestion de coureurs professionnels expérimentés, sachant jouer avec l'écart accordé par le peloton. Ainsi à 80km de l'arrivée ils ont compris que le peloton gérait l'écart de l'échappée à 2 minutes, pour essayer de le ravaler sur les 10 derniers kilomètres.

Cela peut paraître paradoxal, mais les équipes de sprinters ne veulent pas rejoindre les échappées trop tôt car cela mettrait le feu aux poudres dans le peloton.

Tous les non-sprinters qui rêvent d'une étape se mettraient à attaquer dans le but de finir détaché. Ces mêmes coureurs restent bien tranquilles lorsqu'il y a trois coureurs devant, car la victoire d'étape semble hors de portée.

C'est le jeu du chat et de la souris classique. Le chat ne veut pas attraper la souris trop tôt et la souris n'a pas intérêt à courir de toutes ses forces au début en espérérant surprendre le chat à la fin par sa vitesse.

Les coureurs en échappée comprennent alors une chose : s'ils roulent à 50km/h, le peloton roulera à 50, s'ils roulent à 40...le peloton roulera à 40. Alors les 3 coureurs échappés ont ralentit le rythme, puis ont reparti la machine à 25 km de l'arrivée, ont ré-accéléré surprenant le peloton qui les croyait mort, et ont tout donné. Et cela a failli fonctionner!

Demain ce sera une autre étape de moyenne montagne dans le Puy-de-dôme, avant d'entreprendre les choses sérieuses dans les Pyrénées dimanche et lundi. On y verra certainement les premiers écarts conséquents.

Âgé de 34 ans, Dominique Perras est un cycliste professionnel québécois et membre de l'équipe nationale canadienne depuis 1992. Il est l'un des premiers cyclistes québécois à joindre les rangs d'une équipe professionnelle en Europe. Il a été Champion canadien sur route en 2003 et a représenté le Canada aux Championnats du monde professionnel et aux Jeux du Commonwealth.