Par un pur hasard, Hank Palmer s'est arrêté devant le seul journaliste québécois présent à Windsor, a posé un genou par terre et a mis sa main droite sur son visage. Puis, il a éclaté en pleurs. Après quelques années de misère, le sprinter de LaSalle touchait enfin au but: une participation aux Jeux olympiques de Pékin.

Depuis le temps que son entraîneur Daniel St-Hilaire en parlait, Palmer a enfin livré la performance attendue en prenant le deuxième rang du 100 mètres aux Championnats canadiens d'athlétisme, hier après-midi, à Windsor. L'athlète de 23 ans a arrêté le chrono à 10,22, améliorant de six centièmes de seconde son record personnel réalisé il y a déjà plus de trois ans. Du coup, Palmer devient un choix incontournable pour le relais 4 X 100 m. Il en recevra la confirmation aujourd'hui.

Honnêtement, on ne donnait pas cher de ses chances après les préliminaires de vendredi.

D'abord, Palmer s'est légèrement blessé à l'aine il y a deux semaines à Ottawa. St-Hilaire s'en rongeait les ongles depuis son arrivée à Windsor.

Vendredi, Palmer dégageait tout sauf de la vélocité avec un modeste 10,68, 17e chrono des préliminaires. Hier, il a dû attendre la fin des trois rondes demi-finales pour s'assurer que son 10,39, troisième temps de sa vague, le mènerait de justesse en finale. «J'économise mes jambes», ne cessait-il de répéter, un peu inquiet malgré tout d'une douleur à la fesse.

En finale, Palmer a hérité du couloir 1, un sérieux handicap sur la ligne droite. Mais il a bondi des blocs comme un guépard. «Je me disais: «Laisse couler, reste détendu, n'hésite pas, n'aie pas peur»«, a relaté le nouveau vice-champion canadien.

Seul le vétéran Pierre Browne a pu rejoindre le Québécois à la marque des 80 mètres pour finalement lui souffler la victoire en un temps de 10,19. Le Torontois glanait ainsi un troisième titre sur la distance. L'Ontarien Anson Henry, 10e aux derniers Mondiaux d'Osaka, a complété le podium en 10,27. Emmanuel Parris, un Ontarien d'origine qui est affilié au club de Sherbrooke, a fini quatrième en 10,31, ce qui devrait lui assurer une place dans le relais.

Les larmes de Palmer n'avaient pas fini de sécher quand il nous a rappelé les difficultés qu'il a rencontrées depuis un passage remarqué chez les juvéniles et les juniors. Incapable de se rapprocher de ses meilleures marques personnelles, il a atteint le fond du baril ici même l'an dernier lorsqu'il s'est étiré un muscle en demi-finale du 100 m. Cette déveine l'a privé d'un brevet de financement, son principal revenu. Criblé de dettes, il a dû quitter un appartement pour regagner le domicile familial. La galère, quoi.

«Cette année, je me suis dit : «Je serai numéro un, je vais tout donner même si ma jambe doit arracher»«, a conclu l'heureux olympien, qui devrait assumer le rôle de premier relayeur à Pékin.

Thibault rate le standard

Geneviève Thibault, 21 ans, a elle aussi fini deuxième de la finale du 100 m grâce à un temps de 11,50, à trois centièmes de son record personnel. À l'inverse de Palmer, ses quelques larmes exprimaient plutôt la frustration d'avoir échappé la victoire face à l'Ontarienne Toyin Olupona, gagnante en 11,38. Ces chronos ne seront pas suffisants pour qualifier une représentante canadienne à Pékin.

En 2006, Thibault, de Québec, avait causé une surprise en gagnant le titre canadien alors qu'elle n'avait que 19 ans. Sa saison 2007 a toutefois été gâchée par une fracture de stress sous le genou droit. "Sur le coup, j'étais fâchée après ma course, mais dans le fond, je ne devrais pas, a analysé Thibault après coup. Je sais que je suis revenue au même niveau. Peut-être que je m'en demandais un peu trop."

Prochain rendez-vous pour Thibault : les Championnats NACAC (23 ans et moins) dans deux semaines au Mexique.