À moins de trois semaines des Jeux olympiques, un Pékin sous bonne garde s'apprête à recevoir, pour la première fois, le plus important événement sportif mondial pour la plus grande fierté de ses habitants.

Pour l'occasion, Wang Yi, 48 ans, a entièrement rénové sa maison traditionnelle, une «cour carrée» dans un quartier central de Pékin, qu'il a décorée avec des «fuwas (mascottes).

M. Wang Yi est prêt à accueillir des visiteurs étrangers dans le cadre d'un programme de «chambre d'hôte olympique» mis en place par les autorités et les agences de voyage.

«Les Jeux olympiques ont été difficiles à obtenir pour la Chine, c'est un rêve de cent ans, pour moi les médailles ce n'est pas le plus important», explique cet amateur d'opéra de Pékin, une passion qu'il est prêt à partager avec ses visiteurs.

S'il ne parle pas anglais, sa fille de 17 ans oui, et c'est grâce à elle qu'il pourra avoir des contacts avec ceux qui viendront dans les deux pièces qui ont été aménagées, avec toilettes modernes, ameublement et décoration typiquement chinois.

«S'ils le veulent, on pourra même leur préparer du café», souligne-t-il.

Dans une cage placée dans la cour, un mainate est aussi dans la fièvre olympique: «bye, bye», «huanying guangyin» (bienvenue), lance l'oiseau.

Toute la ville se prépare pour l'occasion, où partout sont présents les slogans en faveur des JO.

«Rencontre avec le monde»

En visite dimanche à Qingdao, port de l'est où se dérouleront les compétitions de voile, le numéro un chinois Hu Jintao a lancé à des athlètes étrangers: «Le peuple chinois accueille avec ferveur les athlètes du monde entier qui viennent participer aux Jeux olympiques. Nous ferons tout notre possible pour vous assurer le meilleur service».

La propagande officielle ne manque pas d'insister en permanence sur cette «rencontre avec le monde» que constituera les Jeux du 8 au 24 août.

«Pendant les jeux de Pékin, les gens espèrent que le drapeau olympique et ceux des pays participants seront mis mutuellement en valeur, que les champions de chaque pays et les invités du monde entier accompliront l'objectif du mouvement olympique, qu'ils en ressentiront la beauté», souligne un éditorial publié lundi par le Quotidien du Peuple, l'organe du Parti communiste chinois.

À la sortie de la maison de M. Wang a été ouverte, il y a quelques mois, une station d'une des nouvelles lignes de métro, signe d'un Pékin qui s'est transformé avec les jeux.

Pour les autorités, ces transports en commun, ainsi que le système de circulation alternée mis en place dimanche pour réduire la circulation automobile, doivent permettre d'assurer un Pékin sans pollution en août, un des engagements pris auprès du Comité international olympique (CIO).

«Un air pur»

Plusieurs athlètes, en particulier ceux participant aux épreuves d'endurance comme le marathon, ont fait part de leurs inquiétudes à ce sujet.

«Nous pensons que ces mesures supplémentaires permettront d'avoir un air pur pendant les Jeux olympiques et les athlètes ne doivent pas s'inquiéter», affirme Sun Weide, un des porte-parole du comité d'organisation des JO de Pékin (Bocog).

Ces dernières semaines, dans les stations de métro, comme dans toute la ville, les mesures de sécurité ont également été considérablement renforcées.

Les bagages et sacs des passagers sont vérifiés, aux portes de la ville des barrages ont été établis pour contrôler les entrées. Ceux qui ne disposent des papiers nécessaires sont refoulés.

Environ 150 000 membres des forces de l'ordre, appartenant notamment à la police et à la police armée populaire (PAP), ont été mobilisés au service de «Jeux olympiques sans incident», un slogan qui s'est imposé au fil des semaines dans la propagande officielle.

Un déploiement de force critiquée par les associations de droits de l'Homme, qui y voient une bonne occasion de faire taire toutes les critiques avant le grand événement.

«Pékin a été transformée en une immense scène pour les Jeux olympiques, mais c'est une vitrine artificielle car elle ne reflète aucune des tensions ou des problèmes auxquels la Chine est en proie aujourd'hui», juge Nicholas Bequelin de l'association Human Rights Watch.