«C'est la décision la plus difficile de ma vie», a dit Jaromir Jagr à propos de son transfert dans la Ligue continentale de hockey, le nouveau circuit russe.

Pourtant, on ne peut être complètement surpris de sa décision. Il s'est fait charmer par des sommes qu'aucune équipe de la LNH n'était prête à approcher.

Selon les informations qui circulent, Jagr se serait entendu pour deux ans plus une année d'option avec l'Avangard Omsk, qui lui verserait 7 millions par saison.

Exempts d'impôts.

Pour un joueur qui a déjà eu des problèmes avec le fisc alors qu'il jouait à Washington, c'était trop tentant!

«Je pensais retourner chez moi dans trois ans et je cherchais un contrat de cette durée, a dit Jagr à La Presse Canadienne. Mais avec la nouvelle convention collective, c'est plus difficile pour les vétérans de signer à long terme. Les équipes craignent que vous vous blessiez ou preniez votre retraite, et qu'elles restent prises avec ça sur leur masse salariale. Je ne voulais pas d'un contrat d'un an, car je ne voulais pas revivre la même situation l'été prochain.»

L'explication de Jagr se tient, mais ça n'a pas empêché les Devils du New Jersey d'embaucher Brian Rolston pour quatre ans!

Peut-être que la réputation de Jagr a quelque chose à y voir. Aux quatre coins de la ligue, alors qu'on lui reconnaissait un talent indéniable, son dévouement était remis en cause.

Coéquipier difficile à satisfaire, forme physique douteuse, en proie aux tentations de Vegas...Disons que sa proverbiale «éthique de travail» n'en faisait pas un investissement des plus sûrs.

Jagr avait été sensationnel à son arrivée avec les Rangers de New York, il y a trois ans. Mais ça s'est détérioré.

Les Blue Shirts, qui lui ont versé 8,4 millions l'an dernier, n'ont pas dû regretter qu'il rate le plateau des 84 points, ce qui aurait garanti à Jagr une année de plus à son contrat.

Il n'était pas hors de question qu'il revienne à Manhattan. Mais certainement pas pour le montant qu'il visait, et encore moins pour trois ans. L'embauche de Markus Naslund, jeudi, n'a fait que confirmer le divorce.

Les Penguins de Pittsburgh, après avoir échappé Marian Hossa, ont jonglé avec l'idée de le rapatrier avant de se rabattre sur Miroslav Satan et Ruslan Fedotenko.

Quant aux Oilers d'Edmonton, ils étaient prêts à lui verser 8 millions... pour un an. Jagr a refusé. Comme s'il s'était dit: «Tant qu'à aller jouer dans la Sibérie du hockey, aussi bien que ce soit la vraie Sibérie!»

À 36 ans, sa carrière dans la LNH est vraisemblablement terminée. Jagr se sera façonné un joli tableau de chasse - deux fois la Coupe Stanley, un trophée Hart, un titre de joueur par excellence, 646 buts et 1609 points en 1273 matchs réguliers - qui lui vaudra une entrée gratuite au Temple de la renommée.

Mais la deuxième moitié de sa carrière nous laisse un arrière-goût d'inachevé. Il y a des choses qui ont changé en cours de route...

Durant sa carrière, Jagr a porté le numéro 68 en mémoire du printemps de Prague, lorsque les Tchèques ont résisté aux communistes russes.

Et voilà qu'il part pour Omsk empocher des millions exempts d'impôts. Oui, il y a des choses qui ont changé.