Exactement 414. C'est le nombre de cas d'une forme rare de cancer qui ont maintenant été répertoriés chez les femmes avec des implants mammaires. Le chiffre, dévoilé récemment par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, représente une augmentation par rapport aux 359 cas jusqu'alors documentés. Précisions sur ce qu'il faut savoir en six questions.

DE QUEL TYPE DE CANCER PARLE-T-ON ?

Le nom complet est « lymphome anaplasique à grandes cellules associé aux implants mammaires », ou LAGC-IM. Il ne s'agit pas d'un cancer du sein, mais d'une forme rare de lymphome non hodgkinien qui touche le système immunitaire. Ce n'est pas la première fois qu'on fait le lien entre cette forme de cancer et les implants mammaires. La première description scientifique de la maladie remonte à 1997. En 2011, la FDA avait lancé un appel aux médecins afin de recueillir plus d'informations à ce sujet. L'Organisation mondiale de la santé a reconnu la maladie en 2016. Les informations qui viennent d'être dévoilées par la FDA font état de 414 cas, dont 9 décès, et permettent d'avoir une meilleure idée de la prévalence et des facteurs de risque.

COMMENT LE CANCER SE MANIFESTE-T-IL ?

Les symptômes les plus courants sont des douleurs ou des enflures autour des implants après la période normale de cicatrisation. Les cellules cancéreuses se retrouvent généralement dans le fluide ou les cicatrices qui entourent les implants. Dans certains cas, elles peuvent aussi gagner d'autres parties du corps. La moitié des cas ont été diagnostiqués de sept à huit ans après l'implantation.

Y A-T-IL DES IMPLANTS MAMMAIRES PLUS RISQUÉS QUE D'AUTRES ?

Le contenu des implants - gel de silicone ou solution saline - ne semble pas influencer le risque de contracter le LAGC-IM. Par contre, le cancer semble beaucoup plus répandu chez les femmes qui ont choisi des implants à surface texturée. Ceux-ci comptent pour 89 % des cas dont la surface de l'implant était connue. La surface texturée réduit les mouvements des implants et permet de fabriquer des implants qui ne sont pas complètement ronds. Selon Santé Canada, le quart des implants mammaires vendus au Canada sont à surface texturée. Il n'est pas encore clair pourquoi ces implants texturés semblent plus dangereux. Il est possible que la surface texturée provoque une inflammation qui crée le lymphome, ou alors qu'elle piège les bactéries et crée une infection qui déclenche les problèmes. En France, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a demandé aux manufacturiers de tester la biocompatibilité des implants à surface texturée et d'en dévoiler les conclusions.

LA MALADIE EST-ELLE FRÉQUENTE ?

Non. Le chiffre de 414 cas peut paraître élevé, mais il inclut des femmes non seulement des États-Unis, mais de plusieurs autres pays. La Société internationale de chirurgie plastique estime que 1,6 million de femmes dans le monde se font poser des implants mammaires chaque année, et ces chiffres n'englobent sans doute pas tous les cas. Il est aujourd'hui difficile de quantifier le risque, mais la FDA estime que la maladie touche entre une femme sur 3817 et une femme sur 30 000 qui portent des implants à surface texturée. Au Canada, seulement cinq cas de LAGC-IM ont été signalés, selon des informations publiées par Santé Canada en novembre 2017. Quatre des cinq cas mettaient en cause des implants à surface texturée, alors que le type de surface n'était pas connu dans l'autre cas.

QUE DOIVENT FAIRE LES FEMMES QUI ONT DES IMPLANTS ?

Les cas de cancer ont jusqu'à maintenant touché les femmes qui avaient des douleurs, des bosses ou des enflures après la guérison complète effectuée à la suite de l'opération. La FDA ne recommande pas aux femmes qui ont des implants et qui n'ont pas de symptômes de passer des tests particuliers ni de faire retirer leurs implants.

QUE DOIVENT FAIRE LES FEMMES QUI SOUHAITENT AVOIR DES IMPLANTS ?

« Si une personne considère une intervention chirurgicale pour avoir des implants mammaires, elle devrait s'informer à propos des implants mammaires et discuter des risques et des bénéfices de l'intervention avec son médecin », affirme la FDA.