Une proportion très élevée de joueurs de football ayant fait l'objet d'une étude approfondie souffraient d'encéphalopathie traumatique chronique (ETC).

C'est ce que démontrent les résultats accablants d'une étude portant sur le lien entre la pratique du football et l'ETC rapportés dans l'édition de mardi du quotidien The New York Times.

L'étude, dirigée par la Dre Ann McKee, révèle que sur les 202 cerveaux analysés, 177, soit 87 %, présentaient des signes d'ETC.

De ce nombre, 110 des 111 cerveaux provenant d'ex-joueurs de la NFL et sept des huit d'ex-joueurs de la Ligue canadienne de football présentaient des signes d'ETC, soit respectivement une proportion de 99 et 87,5 %,

Dans le cas des 111 cerveaux d'ex-joueurs de la NFL, l'étude a révélé que toutes les positions sont en cause: soit 44 joueurs des lignes offensive et défensive, 20 demi-offensifs, 17 demis défensifs, 13 secondeurs, sept quarts, cinq receveurs de passes, deux ailiers rapprochés, un botteur de précision et un botteur de dégagements.

Citée par le New York Times, McKee précise que si les joueurs de lignes ont constitué, de loin, le plus grand nombre de donateurs à son étude, ce n'est pas seulement parce que plus de la moitié des joueurs sur le terrain évoluent à cette position. Elle souligne que les joueurs de lignes subissent un choc à la tête pratiquement à tous les jeux. Cette accumulation de coups en apparence bénins, plutôt que des chocs spectaculaires provoquant immédiatement des commotions cérébrales, cause fort probablement le développement de l'ETC.

L'encéphalopathie traumatique chronique est une maladie identifiée par le Dr Bennet Omalu qui, le premier, a établi une corrélation entre des chocs crâniens répétitifs que subissent les joueurs de football et une dégénérescence prématurée des facultés cognitives.

Les personnes atteintes de l'ETC souffrent de perte de mémoire, de confusion, de comportements impulsifs et, souvent, de dépression.

En janvier dernier, le New York Times avait d'ailleurs rapporté les résultats d'une autre étude, menée auprès des joueurs de lignes de l'Université Stanford, qui faisait état de 62 chocs à la tête au cours d'une rencontre. Chacun de ces coups était porté à la tête de ces joueurs avec une force moyenne équivalent au choc subi lorsqu'une voiture roulant à 50 km/h frappe un mur de briques.

Les cerveaux étudiés par l'équipe du Dre McKee provenaient d'ex-joueurs décédés aussi tôt qu'à 23 ans. Le donateur le plus âgé est décédé à l'âge de 89 ans.

Ces cerveaux ont pu être récupérés grâce à une initiative lancée en 2008 par l'Université de Boston et le Sports Legacy Institute, devenue aujourd'hui la Concussion Legacy Institute. Si certains des donateurs ont pu être identifiés, la famille de certains d'entre eux a exigé l'anonymat. C'est notamment le cas de la famille de l'unique ex-représentant de la NFL dont le cerveau ne comportait pas de trace d'ETC.

• L'article du New York Times:

• L'article portant sur l'étude de l'Université Stanford 

• La publication des résultats de l'étude