Une pilule produit les mêmes effets bénéfiques que l'exercice physique comme brûler la graisse et augmenter l'endurance, montre une étude sur des souris qui offre un espoir aux sédentaires, aux handicapés, ou encore aux obèses et aux cardiaques.

Ces chercheurs de l'Institut Salk à San Diego en Californie publient ces travaux mardi dans la revue Cell Metabolism.

Avec cette molécule expérimentale, ils sont parvenus chez les rongeurs à agir notamment sur un gène qui joue un rôle clé pour brûler la graisse de l'organisme et doper l'endurance.

Ils avaient, dans une précédente étude, découvert que des souris génétiquement modifiées pour activer de manière permanente le gène PPAR delta (PPARD) devenaient naturellement des marathoniennes, ne prenaient pas de poids et étaient très réactives à l'insuline. Bref toutes les qualités qui vont de pair avec la forme physique.

Ces scientifiques, menés par Ronald Evans, sont parvenus aux mêmes résultats avec cette molécule expérimentale dont le nom est GW1516 (GW).

Les souris sédentaires traitées ainsi ont couru dans une roue pendant 270 minutes avant d'être épuisées.

En comparaison, les souris soumises à la même épreuve mais sans le GW ont atteint leurs limites après seulement 160 minutes.

Ce gain d'endurance de 70% s'est également accompagné d'autres bienfaits pour la santé, sans modification physiologique des muscles cependant.

Ainsi les souris traitées pendant deux mois avec la molécule GW ont pris nettement moins de poids et mieux contrôlé leur glycémie. Cela laisse penser que cette substance pourrait aussi aider les diabétiques.

«On sait déjà qu'on améliore son endurance par l'entraînement physique», relève le professeur Evans de l'Institut médical Howard Hughes et patron de la chaire de biologie moléculaire à l'Institut Salk.

«La question qui se posait pour nous était de comprendre le mécanisme de l'endurance et de déterminer dans ce cas s'il était possible de remplacer l'exercice physique par un médicament», poursuit-il.

Fonctions cérébrales préservées

Cette expérience a montré que cette molécule GW modifiait en fait l'expression de 975 gènes.

Les gènes qui jouent un rôle pour brûler la graisse devenaient plus actifs dans les muscles des souris tandis que ceux brûlant les sucres cessaient ou ralentissaient leur activité.

Cette molécule fait donc brûler la graisse de l'organisme plus rapidement et le sucre plus lentement.

«Cette étude suggère que le processus de brûler la graisse est moins important dans l'endurance que le mécanisme compensatoire de conserver le glucose», résume Michael Downes, un scientifique de l'Institut Salk, principal co-auteur de cette recherche.

«Par son action, le gène PPARD bloque le métabolisme du sucre dans les muscles de manière à conserver le glucose pour le cerveau, permettant ainsi de préserver les fonctions cérébrales», explique-t-il.

La molécule GW a été initialement mise au point par les groupes pharmaceutiques britannique GlaxoSmithKline (GSK) et américain Ligand pharmaceuticals dans les années 1990 pour traiter des maladies du métabolisme et cardiovasculaires.

Ce traitement expérimental a été abandonné après plusieurs essais cliniques en raison apparemment d'un risque de provoquer un cancer quand la substance est prise à hautes doses.

Il y a une dizaine d'années, des tests avec des souris ont révélé que la molécule GW pouvait potentiellement augmenter l'endurance.

Cette découverte a créé un marché noir de cette substance vendue comme complément alimentaire sous le nom d'Endurobol et dont ont abusé certains athlètes durant les Jeux olympiques de Pékin en 2008.

L'année suivante, cette substance a été interdite par l'Agence mondiale antidopage qui la jugeait dangereuse.

Mais malgré cela, les scientifiques expliquent qu'ils continuent à l'étudier en raison de son important potentiel. Cette dernière recherche est notamment financée par les Instituts américains de la santé (NIH).