Au moment où Ottawa propose une interdiction des gras trans artificiels au pays dès l'été 2018, une étude de l'Université Yale calcule qu'il y a une diminution des infarctus dans les régions où ils ont été mis à la porte des restaurants.

L'équipe de l'Université Yale, au Connecticut, a calculé une réduction de plus de 6 % des admissions à l'hôpital pour des crises cardiaques dans les comtés de l'État de New York où il y a une interdiction des gras trans dans les restaurants. Ses calculs ont été faits à partir des données provenant des comtés où l'on a interdit les gras trans dans les menus des restaurants, et ce, depuis au moins trois ans. On les a comparés à des régions similaires, sans interdiction. 

« La diminution est substantielle », commente le Dr Eric Bandt, du département de médecine de Yale, auteur principal de l'étude, dans un communiqué diffusé par l'université.

« Les gras trans sont nocifs pour la santé cardiovasculaire et les réduire ou les éliminer de l'alimentation peut diminuer significativement les taux de crises cardiaques et infarctus », ajoute le Dr Bandt.

L'étude a été publiée la semaine dernière dans le journal JAMA Cardiology

« C'est une étude très crédible », tranche le Dr Martin Juneau, de l'Institut de cardiologie de Montréal qui la compare aux études apparues après l'interdiction de fumer en public. On faisait aussi un lien entre des réductions des cas d'infarctus et l'interdiction de fumer en public. Dans ce cas, précise le Dr Juneau, l'étude est basée sur un grand échantillon et la réduction est significative.

INTERDICTION NATIONALE 

Les chercheurs américains ont travaillé avec les données du département de la Santé de l'État de New York sur les admissions à l'hôpital entre 2002 et 2013. En tout, 11 comtés, sur 62, ont interdit l'utilisation de gras trans dans les restaurants de 2007 à 2011. Aux États-Unis, à partir de 2018, les gras trans seront persona non grata. Une interdiction nationale, autant dans les restaurants qu'à l'épicerie. 

Ce qui est bien avec les gras trans, contrairement aux gras saturés, explique Martin Juneau, c'est qu'il y a consensus : tout le monde veut les voir disparaître de l'alimentation. « Si on a tant de misère à s'en débarrasser, dit-il, c'est parce qu'ils ne sont pas chers et pratiques pour l'industrie. » 

Les gras trans artificiels, surtout sous forme d'huile partiellement hydrogénée, se cachent dans les produits d'épicerie particulièrement dans les petits gâteaux et biscuits dont ils prolongent la vie sur les tablettes. On en trouve encore dans des croustilles, craquelins et aliments frits, malgré la demande de réduction « volontaire », faite par Santé Canada, il y a 10 ans.