Des États, des ONG et des entreprises pharmaceutiques ont lancé jeudi à Davos une initiative pour développer des vaccins afin de réagir rapidement face aux épidémies à l'échelon mondial, dotée de 460 millions de dollars.

Le but du projet, baptisé Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), est de contenir les foyers de maladies avant qu'ils ne deviennent des urgences de santé mondiales, en mettant gratuitement des vaccins à disposition de la population, ont expliqué ses créateurs lors du Forum économique mondial à Davos (Suisse).

«Les épidémies font partie des menaces sérieuses pour nos vies, notre santé et nos économies. (...) Les vaccins peuvent nous en protéger, mais nous n'avons pas fait assez d'efforts pour les développer», a estimé Jeremy Farrar, directeur de la fondation Wellcome Trust, appelant à «tirer les leçons des récentes tragédies».

La coalition entend lutter en priorité contre les infections par le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), la fièvre de Lassa ou le virus Nipah, identifiées comme les menaces les plus importantes.

«Ebola et Zika ont démontré tragiquement que le monde n'est pas préparé pour détecter l'éclosion locale d'épidémies et répondre à temps afin d'empêcher qu'elles deviennent des  pandémies mondiales», a déclaré le milliardaire Bill Gates, cité dans le communiqué annonçant la création de la CEPI.

L'épidémie d'Ebola a tué environ 11 000 personnes entre 2013 et 2016 en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone, tandis qu'une poussée sans précédent de Zika a conduit à la naissance de plus de 2200 bébés souffrant de microcéphalie au Brésil en 2015.

Plusieurs vaccins sont en cours de développement pour ces deux maladies, mais aucun n'est encore sur le marché.

La coalition a recueilli pour l'instant des promesses de dons pour 460 millions de dollars fournis par l'Allemagne, la Norvège, le Japon, la fondation Melinda and Bill Gates et le Wellcome Trust. Les autres participants à la CEPI sont des ONG, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et des groupes pharmaceutiques comme GSK, Pfizer ou Sanofi.

«Il s'agit de près de la moitié du milliard de dollars dont a besoin la CEPI pour les cinq prochaines années», a indiqué la coalition, invitant davantage de gouvernements et d'ONG à la soutenir.

L'impact économique des épidémies est aussi lourd que celui des guerres et des catastrophes naturelles, a souligné la première ministre norvégienne, Erna Solberg.

«Ebola a entraîné une perte économique d'au moins 3 milliards de dollars pour la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, et on sait que le SRAS (le syndrome respiratoire aigu sévère, NDLR) avait coûté 40 milliards de dollars», a-t-elle ajouté.

Le projet se chargera des phases I et II du développement des vaccins (celles qui évaluent l'innocuité puis l'efficacité). Ainsi, en cas de foyer épidémique, la phase III, la dernière avant la mise sur le marché, pourra démarrer rapidement, a expliqué Andrew Witty, directeur général de GSK.

L'exemple à ne pas suivre, «c'est de faire ce qu'on a fait après le SRAS, c'est-à-dire oublier et passer à autre chose», a averti Jeremy Farrar.

En 2003, une épidémie de cette grave maladie respiratoire avait fait 800 morts, principalement en Asie, et causé une panique à l'échelle mondiale.