La prise de médicaments destinés à soulager les brûlures d'estomac pendant la grossesse pourrait augmenter le risque d'avoir un enfant asthmatique, indique lundi une étude accueillie toutefois avec circonspection par plusieurs experts qui jugent prématuré de demander aux femmes enceintes d'abandonner ce traitement.

« Il est important de souligner que cette recherche est à un stade très préliminaire et que les femmes enceintes doivent continuer à prendre les médicaments dont elles ont besoin sous le contrôle de leur médecin ou de leur infirmière », a aussitôt réagi la Dre Samantha Walker, directrice de la recherche sur l'asthme au Royaume-Uni.

Des études avaient déjà laissé entendre que l'utilisation des médicaments antiacides pendant la grossesse pouvait accroître le risque d'allergie chez le bébé en agissant sur son système immunitaire, mais sans démontrer de lien de cause à effet.

Des chercheurs de l'Université d'Édimbourg ont pour leur part passé en revue huit études portant sur 1,3 million d'enfants, en étudiant les médicaments qui leur avaient été prescrits ainsi qu'à leurs mères.

Ils ont découvert que les enfants nés de mères ayant reçu des médicaments antiacides pendant leur grossesse étaient plus susceptibles de recevoir un traitement contre l'asthme, précise l'étude publiée dans la revue Journal of Allergy and Clinical Immunology.

Il existe deux grands types de médicaments destinés à lutter contre l'acidité gastrique : les inhibiteurs de pompe à protons (IPP), comme l'oméprazole (Mopral et autres spécialités) ou l'ésoméprazole (Inexium ou Nexium selon les pays), et les antihistaminiques H2 comme le Tagamet ou le Zantac.

Les brûlures d'estomac sont très fréquentes chez les femmes enceintes. Elles se manifestent par une sensation d'aigreur causée par la remontée du contenu très acide de l'estomac dans l'oesophage.

Selon l'étude, les enfants dont les mères avaient pris des antiacides pendant la grossesse étaient 30 % plus nombreux à avoir vu un médecin pour des symptômes asthmatiques.

Le Pr Aziz Sheikh de l'Université d'Édimbourg qui a dirigé l'étude reconnaît toutefois que ses travaux ne prouvent pas que les antiacides sont à l'origine de l'asthme.

Pour le Pr Jean Golding, de l'Université de Bristol, les brûlures d'estomac elles-mêmes et non les médicaments pourraient être « le lien le plus important » avec l'asthme. Pour pouvoir tirer des conclusions, il faudrait pouvoir comparer avec des enfants de femmes qui n'ont pas pris de médicaments antiacides alors qu'elles souffraient elles aussi de brûlures d'estomac, précise-t-il.

Un autre expert, le Pr Seif Shaheen, de l'Université Queen Mary de Londres, relève pour sa part que la plupart des études passées en revue ne contenaient aucune information sur l'obésité des femmes enceintes, « un 3e facteur de risque lié à la fois à une aggravation des brûlures d'estomac et à un risque accru d'asthme dans leur progéniture ».