La conception de bébés à partir de trois donneurs différents va pouvoir bénéficier d'une technique améliorée de transfert de l'ADN permettant d'éviter au maximum la transmission de maladies mitochondriales graves, rapportent des chercheurs dans une étude publiée dans la revue scientifique britannique Nature.

Pour éviter ces maladies transmises exclusivement par les femmes, les scientifiques ont depuis plusieurs années développé différentes techniques de fécondation in vitro (FIV) nécessitant trois parents pour un enfant : un père, le noyau de l'ovocyte de la mère et l'ovule énucléé d'une donneuse.

Une technique, développée en Grande-Bretagne et dénommée «transfert pronucléaire» (PNT), consiste à prélever le noyau de l'ovule de la future mère susceptible de porter des mitochondries défaillantes et de le féconder avec du sperme du père, puis de le transférer dans l'ovule énucléé sain de la donneuse.

On obtient ainsi un ovocyte fécondé issu d'un homme et de deux femmes, comportant les caractéristiques génétiques des deux parents mais également l'ADN mitochondrial de la donneuse - qui représente environ 1% de la quantité totale d'ADN contenue dans une cellule humaine.

L'ovocyte fécondé est ensuite réimplanté dans l'utérus de la future mère, comme dans le cas d'une fécondation in vitro classique.

Cette technique vise à éliminer les anomalies mitochondriales qui provoquent des maladies dégénératives graves touchant les muscles, les yeux, le cerveau ou le coeur.

On estime qu'environ un enfant sur 5000 naît avec ce type d'anomalies. Les mitochondries ont leur propre ADN différent de celui contenu dans le noyau.

En réduisant à huit heures (au lieu de 24 heures) le délai entre la fertilisation et le transfert PNT, les chercheurs ont obtenu une quasi-disparition des anomalies de l'ADN mitochondrial. Celles-ci ne dépassent désormais plus 2% dans 79% des blastocystes (le premier stade de l'embryon).

«Nous pensons que cette technique va offrir aux femmes la possibilité de réduire leur risque de transmettre des maladies mitochondriales à leurs enfants» a indiqué Mary Herbert, une des chercheuses britanniques qui a participé à l'étude.

La Grande-Bretagne est devenue l'an dernier le premier pays dans le monde à légaliser la technique controversée permettant de concevoir des bébés à partir à trois donneurs. Les premiers bébés issus de cette technique pourraient naître prochainement.