Les Afro-Américains seraient victimes de préjugés raciaux quand ils sont traités pour la douleur par des médecins blancs, selon une recherche publiée aux États-Unis.

Un grand nombre d'études s'étaient déjà penchées sur la disparité bien connue du traitement de la douleur entre Blancs et Noirs. Elles l'attribuaient souvent au fait que les médecins pensaient que les Noirs avaient tendance à abuser de ces médicaments ou que les cliniciens ne pouvaient pas bien évaluer l'intensité de la douleur de leur patients de couleur, explique Kelly Hoffman, une psychologue de l'Université de Virginie, principal auteur.

Mais ces derniers travaux, parus dans le dernière livraison lundi des Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS), suggèrent que cette différence dans le traitement de la souffrance physique pourrait être due à des préjugés raciaux.

Dans leur étude auprès de 222 étudiants en médecine et internes blancs, les auteurs ont constaté qu'un assez grand nombre parmi ces futurs médecins pensaient à tort qu'il existait des différences biologiques entre Noirs et Blancs.

Parmi ces idées fausses, ils citent la croyance selon laquelle la peau des Noirs est plus épaisse, que leur sang se coagule plus vite, qu'ils vieillissent plus lentement et que leurs terminaisons nerveuses sont moins sensibles, des préjugés susceptibles de fausser leur diagnostic.

Les auteurs ont demandé aux participants de l'étude d'évaluer, sur une échelle de zéro à dix, l'intensité de la douleur de patients fictifs, deux Blancs et deux Noirs, souffrant respectivement d'un calcul rénal et d'une fracture à la jambe. Ces étudiants et internes devaient ensuite recommander différents analgésiques et dosages.

Ils ont également été interrogés sur les idées fausses concernant de supposées différences biologiques entre Noirs et Blancs et dire si elles étaient selon eux vraies ou erronées.

Les chercheurs ont découvert que la moitié du groupe pensait qu'au moins une de ces croyances était exacte. Et ces mêmes futurs médecins ont le plus souvent sous-estimé la douleur des patients noirs fictifs de l'étude, prescrivant des analgésiques trop faibles.

Pour déterminer le bon traitement, les auteurs ont demandé à dix médecins chevronnés de faire un diagnostic de ces même cas médicaux et de prescrire des anti-douleurs.

La majorité ont prescrit des opiacés comme l'oxycodone dans les deux cas ce qui est conforme aux recommandations de traitement de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les étudiants en médecine et internes blancs de l'étude qui n'ont pas adhéré à ces idées fausses sur les différences biologiques ont bien évalué le degré de douleur des patients noirs et prescrit les bons analgésiques.

Ces idées fausses existent depuis longtemps dans l'histoire des États-Unis, et ont été un temps utilisées pour justifier l'esclavage et le traitement inhumain des Afro-Américains en médecine, relèvent ces chercheurs.