Une recherche publiée ce matin dans la revue The Lancet Psychiatry permet de croire qu'une intervention très précoce auprès de bébés à risque d'être atteints d'autisme pourrait grandement diminuer les probabilités d'être aux prises avec ce trouble envahissant du développement.

Au cours des sept dernières années, une équipe de l'Université de Manchester, au Royaume-Uni, où siège la chercheuse montréalaise Mayada Elsabbagh, a mené une étude auprès de 54 poupons présentant un risques accru d'être atteints d'autisme. « Ces enfants avaient tous un frère ou une soeur autiste. Or, on sait que la fratrie d'un enfant autiste a 20 % plus de chances que la population générale d'être atteinte », note Mme Elsabbagh, professeure au département de psychiatrie de l'Université McGill.

Durant cinq mois, les parents de ces enfants, âgés de 7 à 10 mois, ont reçu la visite régulière d'intervenants spécialisés qui leur ont enseigné différentes notions à l'aide d'une vidéo. Les parents ont entre autres appris des techniques pour mieux intervenir auprès de leur bébé. Ils ont appris à susciter l'attention et l'intérêt de leur enfant pour le monde qui les entoure et à améliorer leur capacité à communiquer.

L'objectif de la recherche était de voir s'il est possible de réduire l'acuité, voire d'éliminer l'apparition, des symptômes de l'autisme avant même qu'il ne soit diagnostiqué chez un enfant. Généralement, le diagnostic de l'autisme ne peut être posé avant l'âge de 2 ou de 3 ans.

Au terme des cinq mois d'intervention, les enfants dont les parents ont reçu des formations ont montré des progrès marqués. Leur intérêt pour le monde extérieur et leur capacité d'attention ont augmenté.

Des résultats étonnants

La professeure Elsabbagh dit avoir été « étonnée » du taux de succès de l'intervention. « On a entre autres mesuré les connectivités dans le cerveau des enfants et on a vu des effets. Il y avait plus de flexibilité dans l'attention, note-t-elle. Moins de problèmes liés à la communication sociale avec les parents. J'ai été surprise de voir qu'une intervention si simple a biologiquement changé quelque chose chez les enfants. »

« Les enfants autistes reçoivent généralement des traitements à l'âge de 3 ou 4 ans. Notre recherche montre qu'il peut être bénéfique d'intervenir avant », affirme le Jonathan Green, auteur principal de l'étude.

La professeure Elsabbagh prêche toutefois la prudence. Des recherches plus poussées, sur une plus grande cohorte d'enfants, doivent encore être menées. On ne peut donc pas encore conclure qu'une intervention précoce permet d'éliminer complètement les symptômes de l'autisme. Une étude plus poussée sera notamment menée sous peu au Québec. « Le but n'est pas d'éliminer l'autisme, mais d'améliorer la qualité de vie des gens », dit Mme Elsabbagh.