La propagation de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, qui continue de se propager, «n'est pas une surprise» pour les experts, car de vastes zones sont inaccessibles pour des raisons de sécurité et de nombreux Africains ne connaissent pas les mesures à prendre.

La fièvre Ebola, qui a déjà tué quelque 660 personnes depuis le début de l'année, reste une grave menace, ce qui a amené dimanche le Liberia, un des principaux pays touchés, à fermer la plupart de ses postes-frontières.

L'épidémie a notamment contaminé dans le pays deux Américains, dont un médecin de 33 ans, membres des services d'aide.

Au total, quatre pays sont actuellement touchés: la Guinée, d'où est partie l'épidémie, la Sierra Leone, le Liberia et le Nigeria.

Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et l'ONG Médecins sans frontières, les personnels soignants sont les principaux groupes à risque, car ils sont en contact avec les malades, qui sont très contagieux quand ils ont commencé à développer les premiers symptômes.

1. Que faire face à la propagation de la maladie?

Pour Mariano Lugli, vice-directeur des opérations de Médecins sans frontières (MSF), la propagation de la fièvre Ebola «n'est pas une surprise». «Nous disons depuis mars-avril que c'est une très grave épidémie».

Avec la propagation de l'épidémie, MSF estime être arrivé au bout de ses limites pour intervenir sur le terrain et souhaite de «nouveaux acteurs» à présent, ainsi qu'une meilleure coordination. Il faut également assurer la sécurité des personnels soignants, qui sont les plus exposés.

M. Lugli évoque également la mise en place d'une structure de type «post-tremblement de terre», avec tous les intervenants en consultation et coordination directe.

L'OMS de son côté vient de mettre en place à Conakry (Guinée), le Centre sous régional de coordination de la réponse à l'épidémie d'Ebola.

Ce centre est destiné aux différents partenaires techniques, notamment l'Institut Pasteur, MSF, Plan international, la Croix-Rouge et aux agences de l'ONU, qui travailleront ensemble pour renforcer le partenariat international.

Ce Centre doit permettre un suivi en temps réel des activités de lutte contre l'épidémie.

2. Que fait-on actuellement face à un malade?

Le malade n'est contagieux que lorsqu'il développe des symptômes de la maladie, comme des fortes fièvres. Lorsqu'un malade est identifié comme tel, les soignants recherchent toutes les personnes avec lesquelles il a été en contact tactile, c'est-à-dire qui l'ont touché. Le malade est aussi contagieux par ses sécrétions, comme en cas d'éternuements.

Les personnes qui l'ont touché sont mises en quarantaine d'observation pendant 21 jours, avec prise de température quotidienne. Si au bout de 21 jours, elles n'ont pas développé de fièvre, elles sont considérées comme non-atteintes, selon MSF.

Le malade est placé de son côté en isolement et reçoit un traitement.

«Plus vite il est pris en charge par les équipes soignantes, plus il a de chances de s'en tirer», selon Tarik Jasarevic, porte-parole de l'OMS, actuellement en mission dans les pays touchés par l'épidémie.

Et moins il aura de possibilités de contaminer un proche.

L'OMS rappelle qu'il existe des traitements, contrairement aux idées reçues selon lesquelles la maladie est mortelle à 100 %.

3. Quels sont les obstacles dans la lutte contre la maladie?

Du fait de la porosité des frontières dans ces régions, les habitants se déplacent facilement d'un pays à l'autre et peuvent ainsi propager la maladie.

Le fait que la maladie était inconnue jusqu'alors dans ces pays est un autre obstacle que doivent gérer les humanitaires et les soignants. «Nous avons reçu des menaces, si jamais nous allions dans certains villages, où l'on refuse accès à toute aide humanitaire», a déclaré M. Lugli.

MSF préconise l'embauche d'experts anthropologues, spécialisés dans les populations de ces communautés, pour leur faire comprendre de la nécessité de se faire surveiller et traiter le cas échéant.

«Il y a des régions où nous n'avons pas accès, on ne sait absolument pas ce qui s'y passe», a indiqué le responsable de MSF.

Pour Tarik Jasarevic, la question des enterrements traditionnels, où les familles touchent le corps pendant les rites funéraires, pose aussi problème. «Un enterrement sécurisé est essentiel», car ceux qui touchent les corps pendant les rites «s'infectent à ce moment-là».