Des chercheurs montréalais ont identifié une variation génétique permettant de diminuer de 30% à 50% le risque de souffrir de la maladie d'Alzheimer. Leurs résultats, dévoilés à un congrès à Copenhague, pourraient mener à l'utilisation d'un vieux médicament anticholestérol pour prévenir cette forme de démence.

« C'est un résultat vraiment impressionnant », explique le généticien Judes Poirier, de l'Institut Douglas et de l'Université McGill, en entrevue depuis le Danemark. « C'est l'un des facteurs protecteurs les plus importants jamais détectés. »

Les résultats du Dr Poirier, publiés dans la revue Molecular Psychiatry, ont été vérifiés auprès de quatre cohortes de patients canadiens et américains. Parmi les patients porteurs d'une mutation génétique augmentant de 6 à 20 fois le risque d'Alzheimer, APOE-4, la réduction du risque a été de 50% chez les femmes et de 30% chez les hommes. Chez les gens qui n'ont pas l'APOE-4, soit 85% de la population, l'âge d'apparition de la maladie est reporté de quatre à cinq ans.

« Une simulation américaine a montré que si on reporte l'âge d'apparition de l'Alzheimer de cinq ans, on diminue le nombre de cas de moitié parce que les patients meurent avant d'avoir la maladie », dit le Dr Poirier.

La variation génétique protectrice identifiée par les chercheurs du Douglas, HMGCR, a une action probablement similaire aux premières statines, un médicament anticholestérol. « Il y avait eu des études montrant que les statines protégeaient de l'Alzheimer, dit le Dr Poirier. Mais par la suite, l'effet a disparu. C'est que les premières statines n'étaient pas très spécifiques et pénétraient dans le cerveau. Les statines plus nouvelles restent dans le système circulatoire. On va essayer de voir si les premières statines sont aussi efficaces que HMGCR pour retarder l'apparition de l'Alzheimer ou s'il faudra les modifier pour les rendre plus efficaces dans le cerveau. »