Une thérapie expérimentale un temps considérée prometteuse pour traiter les personnes souffrant d'hypertension et ne répondant pas aux médicaments existants, est inefficace, a conclu un essai clinique américain dont les résultats finaux ont été publiés samedi.

La technique de «dénervation rénale» consiste à désactiver, à l'aide d'un faible courant électrique, l'activité des nerfs des artères rénales, de façon à agir sur l'hypertension. Les reins jouent en effet un rôle clé dans la régulation de la tension artérielle.

Mais l'essai clinique appelé Symplicity HTN n'a pas atteint son principal objectif, ont confirmé l'ensemble des données dont la présentation à la conférence annuelle de l'American College of Cardiology (ACC) était très attendue. L'ACC est réunie ce week-end à Washington.

L'essai a porté sur une technique du groupe américain Medtronic, qui l'a financé, et est le plus vaste et le plus rigoureux effectué à ce jour sur la dénervation rénale.

Il a inclus 535 patients atteints d'hypertension résistante et dont la pression artérielle systolique est supérieure à 16 (la pression systolique est le premier des deux nombres qui donnent la mesure de la tension). La moitié des patients a subi une dénervation rénale et l'autre partie une intervention placebo.

Six mois après, aucune différence statistiquement significative n'a été constatée dans la réduction de la tension artérielle entre les deux groupes.

Une technique utilisée dans 80 pays

«Nous n'avons mesuré aucun effet bénéfique supplémentaire de la dénervation rénale chez les sujets souffrant d'hypertension sévère résistante qui ont été suivis de près et traités avec des médicaments», a déclaré Deepak Bhatt, directeur des programmes d'intervention cardiovasculaire à l'hôpital Brigham and Women à Boston (Massachusetts), qui a dirigé l'essai clinique.

«Ces résultats sont fascinants, car ils mettent en lumière l'importance de mener des essais cliniques rigoureux, avec des patients pris au hasard et un groupe témoin traité avec une procédure placebo», a précisé le chercheur devant la presse, en soulignant qu'il s'agissait de la première étude clinique de cette nature.

Mais, a-t-il souligné, de nouveaux traitements sont nécessaires pour les patients dont on ne parvient pas à contrôler l'hypertension artérielle.

Le docteur Bhatt a aussi relevé que ce champ de recherche sur la dénervation rénale «avait littéralement explosé ces dernières années dans le monde avec plusieurs instruments utilisés cliniquement, malgré le manque de données objectives pour appuyer cette procédure».

La technique est déjà utilisée dans plus de 80 pays, et notamment dans l'Union européenne, et plus de 10.000 malades ont déjà été traités. Mais elle est toujours considérée comme expérimentale aux États-Unis.

«Désormais nous disposons de données définitives concernant l'une de ces techniques», a-t-il lancé. Medtronic avait déjà annoncé l'échec de l'essai clinique en janvier sur la base de résultats préliminaires.

Toutefois, a estimé ce cardiologue, «nous pensons que la recherche doit continuer, surtout pour voir si la dénervation rénale peut être utile pour traiter d'autres pathologies comme l'insuffisance cardiaque».

Selon Franz Messerli, directeur du programme d'hypertension au Mount Sinai Hospital à New York, les résultats de cet essai clinique pourraient sonner la fin de la dénervation rénale, même s'ils contredisent la plupart des études menées précédemment.

«Cette technique était précédemment présentée comme la nouvelle grande thérapie pour traiter des millions de malades souffrant d'hypertension résistante», a-t-il relevé dans un courrier électronique.

L'hypertension artérielle accroît le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral pour les quelque 77 millions d'Américains et le milliard d'adultes qui en souffrent dans le monde.

Les patients dont l'hypertension se révèle résistante aux trois classes de médicaments, soit 10 à 15% du total, présentent un véritables défi pour la médecine et cette procédure expérimentale représentait un grand espoir.