Les porteurs d'une certaine mutation génétique liée à Alzheimer développeraient la maladie trois ans plus tôt que la moyenne, car la perte de leurs cellules cérébrales est bien plus rapide, révèle mercredi une étude.

«Chez les sujets porteurs de cette variation génétique TREM2, nous n'avons jamais constaté un rythme aussi rapide de perte des tissus dans le cerveau», indique Paul Thompson, professeur de neurologie et de psychiatrie à l'Université de Californie du Sud, principal auteur de la recherche parue dans la revue américaine New England Journal of Medicine datée du 17 octobre.

Les sujets sains perdent moins d'un pour cent de leur matière cérébrale par an. Cette perte est compensée en partie par une régénération des neurones résultant de la stimulation mentale, explique-t-il.

Les symptômes de la maladie d'Alzheimer commencent à se manifester quand environ 10% des tissus cérébraux ont été détruits, relève le chercheur.

«Il s'agit de la première étude à utiliser un scanneur du cerveau pour montrer les effets de cette variation génétique et c'est étonnant», ajoute le Dr Thompson.

Cette mutation dont la découverte avait été annoncée en janvier 2013, accélère la perte des tissus cérébraux à un rythme incroyablement rapide. Les personnes porteuses, environ 1% de la population, perdent 3% de leurs neurones par an, ajoute-t-il.

Les auteurs de l'étude ont comparé les IRM (imagerie par résonance magnétique) de 478 adultes d'une moyenne d'âge de 76 ans pendant deux ans en Amérique du Nord. Ce groupe se composait de 283 hommes et de 195 femmes. Quelque 100 participants étaient atteints de la maladie d'Alzheimer, 221 souffraient de légers problèmes cognitifs et 157 étaient en bonne santé.

Ils ont observé que les porteurs de la mutation génétique TREM2 avaient perdu de 1,4 à 3,3% supplémentaires de leur tissu cérébral à un rythme deux fois plus rapide que ceux qui n'avaient pas cette variation de ce gène.

Les pertes étaient surtout concentrées dans le lobe temporal et l'hippocampe, des zones jouant un rôle important dans la mémoire.

«Cette mutation du gène TREM2 semble multiplier par trois ou quatre le risque de développer la maladie d'Alzheimer. Cela devrait aider à recruter des personnes porteuses pour mener des essais cliniques afin d'évaluer des traitements potentiels et cela pourrait permettre de parvenir plus rapidement à des résultats tangibles», selon le Dr Thompson.

La maladie d'Alzheimer affecte quelque 36 millions de personnes dans le monde, dont 5,5 millions d'Américains. Ce nombre pourrait atteindre 13,8 millions en 2050 aux États-Unis sous l'effet du vieillissement de la population.