Pour «éradiquer» un jour le virus du sida, les chercheurs réunis à Paris pour les 30 ans de la découverte du VIH pensent que la réponse thérapeutique ne sera pas unique, mais passera par une «combinaison de traitements».

La clef pour se débarrasser d'un virus qui tue chaque année 1,8 million d'individus et permettre aux 34 millions d'infectés d'être un jour guéri ou en «rémission» définitive, sera un cocktail de solutions, affirme Françoise Barré-Sinoussi qui a obtenu en 1988 avec Luc Montagnier, le Nobel de médecine pour la découverte du VIH en 1983.

«La communauté scientifique internationale est généralement d'accord pour penser que ce ne sera pas un traitement unique, mais une combinaison de molécules ou de traitements et vaccins qui permettront cette rémission à l'arrêt du traitement» a expliqué la virologue de l'Institut Pasteur à l'occasion d'un symposium international.

«Le but est d'arriver à une génération sans VIH», et pour arriver à cela, l'élaboration d'un vaccin constitue «un chemin difficile, mais possible», a expliqué son collège américain Anthony Fauci, patron de l'Institut national américain des maladies infectieuses, en pointe dans la recherche contre le sida.

La démonstration de la «faisabilité» d'un vaccin anti-sida a été faite par une étude thaïlandaise (baptisée RV144) qui a donné une protection de 31%, considérée comme modeste, sur 16 000 personnes vaccinées, a-t-il indiqué.

Un vaccin plus efficace est «probable», mais cela n'arrivera pas l'année prochaine, a commenté Dr Fauci.

Pour la chercheuse australienne Sharon Lewin (Monash University et Alfred Hospital, Melbourne) un vaccin «est possible, mais ce que nous voulons in fine c'est un traitement curatif disponible pour le plus grand nombre».

Réactiver les virus dans les réservoirs

L'un des grands axes actuels de la recherche anti-sida, sur lequel Dr Lewin travaille, c'est la chasse aux virus latents dans les cellules appelées «réservoirs» où il «se cache».

«Nous savons que la raison principale pour laquelle le VIH persiste chez les personnes en traitement c'est qu'il est capable de se cacher dans certaines cellules spécialisées», explique à l'AFP, Mme Lewin.

L'approche de son équipe consiste à utiliser des médicaments anti-cancer, agissant au niveau génétique, pour débusquer le virus des réservoirs.

«Je pense que le virus est persistant chez les gens pour de multiples raisons. Nous nous intéressons aujourd'hui au virus qui se cache dans l'ADN et nous trouvons la solution pour une partie du problème seulement. Nous aurons besoin en fin de compte d'une approche combinée comme celle contre le cancer» explique la chercheuse.

Des «cas» comme celui du «bébé du Mississippi» en rémission complète après avoir été traité par antirétroviraux quelques heures après son infection montrent une «intéressante petite lumière au bout du tunnel», souligne le Dr Fauci.

C'est aussi le cas pour les 14 patients Français de l'étude Visconti traités très précocement et capables de «contrôler» leur infection plusieurs années après avoir arrêté leur traitement.

Pour Jean-François Delfraissy, directeur général de l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), cette étude «suggère qu'avec un traitement très précoce on peut induire des formes de rémissions».