Tous les essais cliniques de médicaments, même ceux dont les résultats sont publiés dans les revues médicales les plus prestigieuses, ne peuvent pas être considérés comme la parole de l'évangile. C'est ce qu'ont conclu des chercheurs qui affirment avoir trouvé une forte proportion d'«interprétation et de partialité» dans la présentation des résultats.

Des chercheurs du centre de cancérologie Princess Margaret ont examiné 164 études sur le cancer du sein. Ils ont constaté que pour les études qui ont conclu à des traitements peu bénéfiques pour le patient, une grande partie de l'étude était axée sur des résultats moins importants, afin de donner une image plus positive à la recherche.

Sur les 92 essais qui ont obtenu des résultats principaux négatifs, environ 60 pour cent ont utilisé des mesures secondaires, souvent pour essayer de dorer l'image de l'étude, a déclaré l'oncologue Ian Tannock, qui a dirigé l'étude publiée cette semaine dans la revue Annals of Oncology.

M. Tannock a expliqué que parfois, les études qui sont essentiellement des études négatives, sont présentées pour qu'elles semblent positives.

L'étude torontoise a mis l'accent sur les résumés de recherche, qui présentent la façon dont la recherche a été menée, ses principaux résultats et les effets secondaires. Le principal résultat est l'«indicateur de résultat», qui explique si le médicament en question a eu l'effet escompté sur les patients ou non.

Les 164 études scrutées ont été publiées entre 1995 et 2011, dans des publications médicales de premier ordre pour la plupart d'entre elles, dont le Journal of Clinical Oncology, The Lancet Oncology et le New England Journal of Medicine.

Toutes les études consistaient en des essais contrôlés et randomisés d'au moins 250 patients chacun.

Les essais ont généralement servi à tester un nouveau médicament ou une nouvelle version d'un médicament par rapport à celui existant.

M. Tannock a aussi souligné que certains rapports publiés à propos de traitements du cancer du sein ont également minimisé ou sous-estimé l'incidence des effets secondaires observés chez les patients.

Dans les deux tiers des rapports, il y a eu partialité dans la manière dont les effets indésirables du traitement ont été rapportés, ont précisé les auteurs. Ce constat est particulièrement vrai pour les essais qui ont démontré que le traitement apportait un bénéfice significatif.