Des scientifiques américains ont annoncé lundi avoir en partie découvert, au niveau cellulaire, ce qui rend si difficile le sevrage des cocaïnomanes, démotivés et déprimés quand les effets de la drogue prennent fin.

Permettant de mieux comprendre ce qui génère le mal-être lié au manque, les résultats de l'étude, menée par l'université d'État de Washington, pourraient aider la recherche à mieux atténuer les symptômes dus au sevrage et à empêcher les fréquentes rechutes des consommateurs.

Étudiant des souris conçues génétiquement, les scientifiques se sont concentrés sur le récepteur cannabinoïde (CB1), une molécule qui favorise la communication entre les cellules nerveuses. Le CB1 est particulièrement actif dans le noyau accumbens, une zone du cerveau gérant les émotions et la motivation, très sensible à la cocaïne.

Sous l'emprise de cette drogue, «tout est accéléré, et vous êtes dans un état émotif recherchant la satisfaction» immédiate, explique dans un communiqué Bradley Winters, chercheur à l'université de Washington et auteur principal de l'étude.

Après une prise de cocaïne, les souris ont produit du CB1 en excès, bloquant en quelque sorte les freins de l'hyperactivité du cerveau dans la zone du noyau accumbens.

«C'est comme pour descendre d'une montagne abrupte, on doit freiner très fort», résume M. Winters.

Le problème est que le cerveau ne sait pas comment «relâcher les freins» après la fin des effets de la cocaïne. La pente a beau être moins forte, «on va à 3 km/h parce que le pied reste bloqué sur le frein».

«Le sentiment est qu'on se sent très mal et qu'on ne veut rien faire», poursuit le scientifique. C'est «ce qui ramène à la drogue, parce qu'on veut se sentir mieux et que la drogue est la seule chose qui peut nous motiver».

L'étude a été publiée lundi par l'Académie nationale des sciences.