Les sirtuines, des molécules complexes supposées ralentir le vieillissement de certains organismes, n'auraient de fait aucun impact direct sur la durée de la vie, selon une étude publiée mercredi dans la revue britannique Nature.



Plusieurs études, datant de 2001 à 2009, établissaient que les sirtuines prolongeaient la vie non seulement de levures, comme il est admis depuis longtemps, mais de vers nématodes et de mouches drosophiles --des animaux régulièrement utilisés dans des expériences à but médical.

Elles avançaient aussi que le resveratrol, dont on trouve des traces dans le vin rouge, activait les sirtuines, de même d'ailleurs que la réduction alimentaire, qui augmente la durée de vie chez nombre d'organismes.

Plus encore : les sept sirtuines dont disposent les mammifères étaient impliquées dans la réduction de maladies liées à l'âge, comme les désordres neuro-dégénératifs, les dysfonctionnements cardiaques...

Ces succès des sirtuines se sont traduits dans l'industrie par l'émergence de crèmes ou de compléments alimentaires visant à ralentir le vieillissement.

Pour clarifier la situation, il a été décidé de reproduire ces études.

Ainsi des chercheurs de l'Institut du vieillissement en bonne santé de l'University College de Londres, avec d'autres de l'Université de Seattle (état de Washington) et de l'université de Semmelweis à Budapest, ont comparé des nématodes ordinaires et d'autres manipulés génétiquement pour activer les sirtuines.

Ils ont d'abord constaté qu'effectivement les souches manipulées vivaient plus longtemps. Mais après avoir réussi à écarter toute différence entre les vers autre que l'augmentation du niveau de sirtuines, ils ont noté qu'ils vivaient tous aussi longtemps. La longévité accrue provenait seulement de facteurs génétiques différents.

Ils ont conduit le même exercice sur des mouches drosophiles, dont un modèle transgénique avait vu son niveau de sirtuines augmenté. Ils ont constaté une nouvelle fois que la longévité accrue mise en évidence s'expliquait par des facteurs génétiques. Ils ont créé une souche de mouche avec des niveaux plus élevés de sirtuine, ce qui n'a pas eu d'impact sur la durée de vie.

Pour confirmer que le resveratrol activait les sirtuines, ils ont mis au point des sirtuines synthétiques de mouches drosophiles : elles n'étaient pas activées par le resveratrol.

Enfin, les équipes ont voulu aussi vérifier que la restriction alimentaire augmentait la durée de vie -ce qui est établi- parce qu'elle activait les sirtuines. Ils ont utilisé des mouches drosophiles mutantes privées du gène des sirtuines : leur durée de vie était pareillement augmentée suite à une restriction alimentaire.

De fait, selon un autre éditorial de la revue, il ne faut pas négliger pour autant le rôle des sirtuines, qui auraient «un rôle crucial dans le maintien de l'équilibre du métabolisme», ce qui, de fait, peut avoir des conséquences sur la durée de la vie.

Donc si le rêve s'éloigne d'un impact direct des sirtuines, les espoirs ne sont pas tout à fait perdus.