L'Aromasine, qui empêche la production d'oestrogènes, réduit de 65% le risque de cancer de sein ou de récurrence chez des femmes ménopausées, selon un important essai clinique dont les résultats prometteurs ont été publiés samedi aux États-Unis.

«L'impact en santé publique de cette étude est important vu que 1,3 million de femmes dans le monde sont diagnostiquées annuellement comme souffrant d'un cancer du sein et que près de 500 000 en meurent», a souligné le Dr Paul Goss, professeur de médecine à la faculté de médecine de Harvard (Massachusetts, nord-est), le principal auteur de cette étude publiée dans le New England Journal of Medicine.

«Les résultats de cet essai clinique de phase 3 dit MAP.3 (Mammary Prevention Trial.3) montre que l'Aromasine (exémestane) est une nouvelle approche prometteuse pour empêcher le cancer du sein de survenir chez les femmes ménopausées présentant le plus gros risque d'être affectées par cette maladie», a-t-il ajouté.

Il a présenté les résultats de cet essai clinique à la 47e conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), plus important colloque mondial de cancérologie réuni ce week-end à Chicago (Illinois, nord).

L'étude MAP.3 est la première à évaluer l'efficacité d'un inhibiteur de l'aromatase -une enzyme qui permet la transformation d'androgènes en oestrogènes- pour prévenir un cancer du sein chez des femmes ménopausées saines, mais présentant au moins un risque de contracter la maladie.

L'essai clinique a été mené de 2004 à 2010 auprès de 4560 femmes ménopausées aux États-Unis, au Canada et en France présentant au moins un des principaux risques de cancer du sein ou de récurrence (par exemple être âgée de 60 ans ou plus ou avoir déjà eu une tumeur du sein traitée avec succès).

La moitié a pris oralement de l'Aromasine commercialisée par le laboratoire américain Pfizer et l'autre moitié un placebo.

La réduction de 65% du risque de cancer du sein avec l'Aromasine correspond à ce qui était prévu au début de l'essai clinique, a précisé le Dr Goss.

En outre, chez celles ayant pris de l'Aromasine mais ayant eu un cancer du sein ou une récurrence de la maladie lors de l'essai clinique, «un grand nombre de tumeurs sont de petite taille et il semble également y avoir moins de cancers les plus agressifs», a relevé le médecin.

«Non seulement notre étude sur l'Aromasine montre une réduction impressionnante du risque de cancer du sein, mais aussi d'excellents résultats concernant les effets secondaires», a ajouté le professeur Goss, notant toutefois que la période moyenne de suivi n'est que de trois ans.

Il a précisé que les inhibiteurs de l'enzyme formant l'oestrogène comme l'Aromasine sont à la fois plus efficaces et plus sûrs que l'antioestrogène Tamoxifène, le traitement hormonal de choix des cancers du sein depuis trente ans.

Le Tamoxifène, qui agit différemment que l'Aromasine en neutralisant les oestrogènes déjà formés, peut provoquer un cancer utérin ou des caillots de sang, ce qui en limite l'usage.

Les effets secondaires les plus fréquents observés avec l'Aromasine sont la fatigue, les bouffées de chaleur, des insomnies et des douleurs articulaires.