La bactérie E.coli, qui a pour l'instant causé la mort de 18 personnes en Europe, est une nouvelle souche semblant particulièrement résistante aux antibiotiques, a déclaré jeudi une équipe de chercheurs qui affirme en avoir séquencé le génome.



La société chinoise BGI, qui a travaillé avec les scientifiques de la clinique universitaire allemande de Hambourg à l'identification de la bactérie mortelle E.coli, évoque dans un communiqué «une souche toute nouvelle et extrêmement toxique d'E.coli» n'ayant «jamais été en cause» dans de précédentes contaminations par la bactérie.

L'épidémie actuelle a déjà fait 18 morts en Europe, 17 en Allemagne et un en Suède. Elle se manifeste, entre autres, par le syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui cause des troubles rénaux graves, et, pour le moment, on éprouve des difficultés à la combattre de manière efficace.

«Dans le cadre de premières analyses, encore préliminaires, certaines preuves de l'agressivité particulière et de la résistance aux antibiotiques de la souche d'E.coli (responsable de l'épidémie actuelle) ont pu être réunies», selon un communiqué de la clinique universitaire de Hambourg-Eppendorf, qui a travaillé avec BGI à l'identification du génome de la bactérie.

Celle-ci serait résistante à toute une batterie de gènes antibiotiques, selon le communiqué séparé de BGI, «ce qui rend le traitement antibiotique extrêmement difficile».

D'après les chercheurs de Hambourg et de BGI, les premières analyses effectuées montrent que le génome de la bactérie en cause est à 93% semblable à une souche d'E.coli 0104 entéroaggrégative (Ecea) déjà identifiée en Centrafrique et connue pour provoquer des diarrhées.

Mais il fait également apparaître des gènes d'une autre bactérie, E.coli entérohémorragique (Eceh), et ce sont ceux-ci qui semblent être la cause des diarrhées sanglantes dont souffrent les patients contaminés, et au SHU.

Une société californienne, Life Techonologies, qui a également réalisé des analyses de son côté, a elle aussi parlé jeudi d'une nouvelle bactérie «hybride», combinant Ecea et Eceh, et attribué l'agressivité de la bactérie à ce caractère hybride.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part indiqué que la souche de la bactérie était «très rare» et n'avait «jamais été vue dans une épidémie auparavant».

La ville portuaire allemande de Hambourg est au centre de la contamination. C'est à la clinique de Hambourg-Eppendorf qu'est survenu jeudi le 17e décès en Allemagne.

Environ 2000 cas de contamination par l'Eceh étaient recensés en Allemagne jeudi, dont 500 de SHU.