Un «mini sous-marin» qui peut injecter un traitement de chimiothérapie au coeur même d'une tumeur: ce n'est pas de la science-fiction mais une des sensations présentées cette semaine au salon «Nano Israël 2010».

Cette conférence, qui s'est tenue lundi et mardi à Tel-Aviv, a attiré 1500 chercheurs du monde entier, notamment du secteur médical, animés par une passion commune: le monde du très, très petit.

«Nos travaux visent à manipuler des molécules à l'échelle de l'atome», souligne Dan Peer, professeur au département de recherches cellulaires et d'immunologie de l'université de Tel-Aviv.

L'une des applications de ces découvertes concerne la médecine, où les chercheurs s'efforcent de développer de nouvelles méthodes pour introduire des traitements dans l'organisme.

Le professeur Peer cherche en particulier à lutter plus efficacement contre le cancer et les inflammations associées à des maladies comme la sclérose en plaques en optimisant la chimiothérapie grâce aux nanotechnologies.

«Parfois, on dispose du médicament, mais il ne parvient pas à atteindre sa cible», explique-t-il à l'AFP.

En pareil cas, les chercheurs tentent de trouver des moyens d'élaborer des sortes de «systèmes GPS» afin de guider le médicament directement vers les cellules malignes ou l'inflammation.

Il est ainsi possible de véhiculer le traitement anticancéreux avec une vitamine que les tumeurs s'empresseront d'avaler, permettant à la cure de pénétrer facilement dans les cellules malignes pour les combattre.

«On peut potentiellement créer de nouveaux véhicules pour les médicaments, comme des bulles minuscules, des mini sous-marins, qui les conduisent dans le corps», affirme M. Peer.

Joseph Kost, professeur de génie chimique à l'université Ben Gourion du Néguev (sud), travaille sur une nouvelle technique pour introduire la molécule cisplatine, utilisée en chimiothérapie, dans les tumeurs.

Ce traitement est transporté par un minuscule vecteur ou véhicule à travers des cavités de 100 à 1000 nanomètres, ce qui permet aux médecins de disposer d'une véritable «ogive thérapeutique».

Une fois celle-ci à l'intérieur de la tumeur, les chercheurs bombardent d'ultrasons le véhicule thérapeutique, provoquant son explosion et la propagation du traitement anticancéreux.

Pour Israël, ce salon annuel des nanotechnologies sert de vitrine à un secteur que le gouvernement s'efforce de développer.

«Nous considérons cela comme un moteur économique essentiel pour l'avenir d'Israël», plaide Barry Breen, porte-parole de l'Initiative israélienne pour la nanotechnologie (INNI), un organisme gouvernemental consultatif qui ambitionne de mettre en contact les chercheurs et le secteur privé.

Au delà de la médecine, de nombreuses autres applications des nanotechnologies se développent. Un récent projet a vu la société 3G Solar, basée à Jérusalem, travailler avec des chercheurs de l'université de Bar Ilan, près de Tev-Aviv, afin de fabriquer une cellule solaire qui s'inspire du processus de la photosynthèse chez les plantes.

Aharon Gedanken, un professeur de génie chimique à Bar Ilan, exploite lui la nanotechnologie pour mettre au point des draps et des blouses stériles dans les hôpitaux grâce à la sonochimie.

Cette technique utilise une réaction chimique produisant des «microjets» qui projettent des nanoparticules anti-bactériennes à «si grande vitesse qu'elles s'inscrustent à la surface» des tissus.

Les draps et blouses peuvent être ensuite lavés, même à 92 degrés comme c'est la règle dans les hôpitaux, sans perdre leurs propriétés anti-bactériennes.

«L'idée est qu'à l'avenir, tout le linge des hôpitaux soit anti-bactérien», explique M. Gedanken.