L'antidiabétique metformine a fortement réduit la fréquence du cancer du poumon chez des souris de laboratoire exposées à un dérivé de la nicotine, cancérigène contenu dans le tabac, selon des travaux publiés mercredi potentiellement prometteurs pour les humains.

Ces chercheurs ont administré de la metformine à ces souris par voie orale  ou par injection.

Celles ayant reçu cet agent oralement ont eu de 40 à 50% moins de tumeurs tandis que celles ayant été traitées avec des injections de metformine ont vu ce risque de cancer plonger de 72%, précisent ces chercheurs dont la communication paraît dans Cancer Prevention Research daté de septembre. Il s'agit d'une publication de l'American Association for Cancer Research.

Cette étude a montré que la metformine activait une enzyme produite par des molécules antimicrobiennes qui neutralisent une protéine dite mTOR jouant un rôle clé dans la croissance et la survie des cellules cancéreuses du poumon, explique le Dr Philip Dennis, de l'Institut national américain du cancer (NCI), le principal auteur.

Encouragé par ces résultats sur des modèles de recherche animale, des essais cliniques de metformine sont envisagés pour déterminer si cet antidiabétique pourrait être utilisé comme chimioprévention pour les fumeurs présentant un risque élevé de développer un cancer du poumon.

«Bien que cesser de fumer soit la chose la plus importante à faire pour les fumeurs, plus de la moitié des cas de cancer du poumon sont diagnostiqués chez d'anciens fumeurs, ce qui montre l'importance de développer des traitements préventifs efficaces», relève le Dr. Dennis.

«Des études épidémiologiques faites antérieurement ont montré que les diabétiques prenant de la metformine présentent un moindre risque de développer un cancer», ajoute le Dr Jeffrey Engelman, directeur du centre de recherche sur le cancer à l'Hôpital général du Massachusetts (nord-est), co-auteur d'un éditorial publié dans Cancer Prevention Research.

Dans cette recherche sur les souris «les chercheurs ont soigneusement contrôlé les niveaux de glucose ce qui laisse présager que l'effet de la metformine pourrait être observé au-delà de la population des diabétiques», observe-t-il.

Pour le Dr Michael Pollak, professeur de médecine et de cancérologie à l'Université McGill à Montréal, auteur d'un article sur la metformine publiée dans Cancer Prevention Research, «cette importante étude, de concert avec des travaux antérieurs de laboratoire et d'épidémiologie, laisse penser que la metformine pourrait être utile pour prévenir et traiter le cancer».

Le cancer du poumon est le plus meurtrier des cancers et celui qui augmente le plus dans le monde, puisque plus de 12 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et que près de 8 millions de personnes en meurent.

La metformine est couramment utilisée pour traiter le diabète adulte dit de type 2.