Un nouvel anticorps a permis pour la première fois un net gain de survie de malades atteints d'un mélanome avancé, forme agressive de cancer de la peau en forte augmentation dans le monde, selon un essai clinique international publié samedi.

Deux ans après le début du traitement 24% des patients de l'étude traités avec cet anticorps, appelé Ipilimumab, étaient encore en vie comparativement à 14% dans le groupe témoin, ont indiqué les chercheurs dont les résultats des travaux ont été annoncés à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), plus grand colloque mondial sur le cancer réuni ce week-end à Chicago (Illinois).

La durée médiane de survie a été de dix mois avec l'ipilimumab contre un peu plus de six mois pour les malades traités avec les thérapies traditionnelles.

Tous ces patients étaient inopérables alors que leur mélanome s'était déjà propagé dans d'autres organes de leur corps, rendant le pronostic sombre.

«Au cours des trente dernières années, différents essais cliniques n'ont montré aucune amélioration dans la survie des personnes atteintes de ce cancer de la peau avancé très difficile à traiter», a expliqué à la presse le Dr Steven O'Day, professeur associé à la faculté de médecine de l'Université de Californie du sud, qui a conduit cette étude également publiée en ligne dans le New England Journal of Medicine.

«Ces résultats représentent une avancée exaltante à la fois pour ces malades et pour le champ de recherche en immunologie du cancer», a ajouté ce médecin.

«C'est tout simplement la première fois qu'un essai clinique avec des patients atteints d'un mélanome avancé montre un gain de survie», a commenté le Dr Lynn Schuchter, professeur de médecine à l'Université de Pennsylvanie et spécialiste du cancer de la peau depuis 25 ans qui n'a pas participé à l'étude.

L'Ipilimumab est un anticorps monoclonal administré par intraveineuse, généralement bien toléré mais peu avoir dans 10 à 15% des patients des effets secondaires graves voire mortelles liés à l'action de l'anticorps sur le système immunitaire.

A la différence de la plupart des traitements qui ciblent les cellules cancéreuses, cet anticorps appartient à une nouvelle classe de médicaments qui stimule les cellules T (thymocytes), une catégorie de lymphocytes jouant un rôle clé dans la réponse immunitaire cellulaire.

Il a été découvert et développé par Medarex, partie du groupe pharmaceutique américain Bristol Myers Squibb.

L'Ipilimumab a été l'objet de différentes études cliniques pendant plus d'une décennie et ce dernier essai clinique, dit de phase 3, a été mené avec 676 malades dans 13 pays en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique et en Europe de septembre 2004 à août 2008.

Ces résultats très encourageants devraient déboucher assez rapidement sur l'autorisation de mise sur le marché par la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine des médicaments.

Selon des estimations des milieux spécialisés l'Ipilimumab devrait générer plus de 400 millions de dollars de ventes dans les premières années de sa commercialisation.

Le mélanome est l'une des formes de cancers les plus fatales et dont l'incidence a le plus fortement augmenté parmi tous les cancers depuis trente ans, indique l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Selon l'OMS, le cancer de la peau est responsable de 66 000 décès annuellement dans le monde dont environ 80% sont des mélanomes. Plus de la moitié des patients ont moins de 59 ans.

Aux Etats-Unis, 68 000 nouveaux cas de mélanome ont été diagnostiqués en 2009 et environ 8600 personnes en sont mortes cette même année.

En France près de 90 000 nouveaux cas de cancer de la peau, dont 7000 de mélanomes, sont détectés annuellement et 1300 personnes en meurent.