Le 15 mars, Richard Racette a ressenti une douleur atroce à la poitrine alors qu'il prenait sa douche au petit matin. Heureusement, sa femme était exceptionnellement encore à la maison et elle a pu l'amener de leur domicile de Terrebonne jusqu'à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.Arrivé à l'hôpital, il a été chanceux une seconde fois.

Le chirurgien vasculaire qui s'est occupé de lui, Miguel Chaput, a utilisé une nouvelle technique par cathéter pour son anévrisme de l'aorte, qui s'était rompu. Le mercredi 17 mars, M. Racette marchait déjà et il a obtenu son congé le vendredi 19.

«L'opération conventionnelle est associée à une mortalité de 50%, à un séjour de trois à cinq jours aux soins intensifs et à une convalescence de plusieurs semaines à l'hôpital, explique le Dr Chaput. On utilise déjà l'approche par cathéter pour les opérations électives, mais pour les cas d'urgence comme celui de M. Racette, nous n'avions pas, jusqu'à maintenant, l'équipement nécessaire. En urgence, il faut procéder en moins d'une heure, parce que ça saigne dans le ventre. On doit utiliser les prothèses disponibles. Ça demande d'avoir une armoire d'endoprothèses de plusieurs grandeurs dans l'hôpital.»

La semaine dernière, le Dr Chaput a même autorisé son patient de 64 ans, qui avait déjà des antécédents cardiaques personnels et familiaux, à reprendre le golf. «Avant mon anévrisme, j'avais déjà joué trois fois cette année, dit M. Racette. C'est sûr que je vais reprendre lentement, mais c'est vraiment très rapide comme convalescence.» Le chargé de projet en génie demeure toutefois en congé de maladie.

Le Dr Chaput a entendu parler de cette nouvelle technique l'été dernier lors d'un séjour au Centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke. «C'est une première pour l'Université de Montréal, mais ça se fait au niveau mondial depuis quatre ou cinq ans. Il y a même une étude internationale qui a été lancée pour quantifier exactement quels sont les gains en mortalité, en convalescence et en rechute dans le cas de ruptures d'anévrisme.»

La même équipe internationale a publié plusieurs études sur l'utilisation du cathéter pour les interventions électives d'anévrismes, selon le Dr Chaput. L'une d'entre elles a été publiée hier dans le New England Journal of Medicine et a constaté que le cathéter permet d'abaisser la mortalité dans le mois suivant l'opération de 4,3% à 1,8% dans les cas électifs.

«C'est une maladie fréquente chez les gens âgés, surtout les hommes fumeurs et anciens fumeurs, dit le Dr Chaput. Une étude britannique de 2002 démontre que le dépistage systématique confère un avantage de survie. Un collègue a refait l'étude pour le Québec et les résultats seront diffusés dans quelques semaines. Si le programme s'avère rentable, nous prévoyons faire pression sur le gouvernement pour que les gens à risque aient une échographie abdominale, de la même façon qu'à partir d'un certain âge les hommes doivent avoir une coloscopie et les femmes une mammographie.»