Pour retrouver des souvenirs datant d'une à plusieurs décennies, le cerveau fait appel à de «nouveaux» neurones, nés une semaine avant la mémorisation de l'information, selon les travaux de chercheurs du Centre français de la recherche scientifique français (CNRS).

Pas facile de retrouver sa chambre d'étudiant lorsqu'on a quitté l'université il y a 10, 20 ou 30 ans... Mais une fois cette chambre retrouvée, on y retourne aisément le lendemain. En effet, la réactivation de ce souvenir permet de mieux se repérer. Pour cela, le cerveau a sollicité de nouveaux neurones, nés une semaine avant la mémorisation de l'information lors du premier passage, dix ans plus tôt, dans ce lieu. C'est ce que viennent de démontrer, sur des souris, des chercheurs du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA-CNRS, Toulouse) en collaboration avec un chercheur d'un centre en neurosciences (CNRS, Bordeaux).

«Vous entrez dans une pièce connue en pensant la connaître parfaitement. Vous vous rendez compte de nouveaux détails, votre mémoire de cet environnement, appelée mémoire spatiale, est alors mise à jour» explique Claire Rampon, chercheuse du CRCA. Cette mise à jour de souvenirs spatiaux érodés se ferait notamment grâce aux neurones nouvellement formés lors de la première visite de la pièce en question.

Pour le démontrer, les chercheurs ont marqué avec une couleur fluorescente les neurones en formation dans des cerveaux de souris. Les souris ont été entraînées à nager dans une piscine où la seule possibilité d'échapper à l'eau consistait à monter sur une plateforme cachée sous la surface de l'eau.

Placées dans l'eau, elles apprennent au fur et à mesure des essais le chemin pour rejoindre la plateforme. Un mois plus tard, les chercheurs les ont remises dans la même situation avant d'observer leur cerveau. Ils ont pu alors constater la mise en jeu des neurones formés un mois auparavant, pour que les rongeurs retrouvent leurs repères et la plateforme.

La production continue de neurones dans l'hippocampe (centre de la mémoire spatiale dans le cerveau) tout au long de la vie adulte des mammifères a été mise en évidence par de précédentes études.

La nouvelle étude, parue le 25 mars dans les Comptes rendus de l'académie des sciences américaine (Pnas) précise donc le rôle de ces nouveaux neurones dans les processus de mémoire.