Créer des pommes de terre plus robustes et plus nourrissantes: tel est l'espoir que caresse une équipe de chercheurs internationaux qui annonce avoir cartographié son génome.

Après le riz, le maïs et le blé, dont le séquençage génétique avait été annoncé en 2008, ce travail a nécessité la collaboration de plus de 50 scientifiques provenant de 16 institutions différentes.

Cette découverte n'est pas sans importance, la culture de la pomme de terre ne cessant de croître dans le monde et jouant un rôle central dans l'alimentation de quelque 6,3 milliards d'individus.

Le consortium de recherche a débuté en 2006. Il comprend 16 organisations institutionnelles d'Argentine, de Grande-Bretagne, du Chili, de Chine, d'Inde, d'Irlande, des Pays-Bas, de Nouvelle-Zélande, du Pérou, de Pologne, de Russie et des Etats-Unis.

Le génome de pomme de terre comprend 12 chromosomes possédant 840 millions de paires de base, soit le quart environ de la taille du génome humain. La version publiée recouvre 95% des gènes de pomme de terre.

Lancé par le service des techniques de sélection végétale de l'Université Wageningen (Pays-Bas), le travail a vraiment commencé à l'arrivée d'un nouveau programme informatique à l'Institut de génomique de Pékin (Chine). Ce programme permet aux chercheurs de mettre plus facilement en commun leurs travaux sur des segments de chromosome et de créer ainsi une carte génétique complète.

Une carte génétique permet le développement plus rapide de nouvelles variétés. La carte du génome du riz a déjà conduit au développement d'une variété qui peut survivre en étant immergée dans l'eau et qui est utilisée dans des zones d'inondation au Bangladesh, selon l'Institut international de recherche sur le riz (IRRI).

D'abord cultivée en Afrique du Sud il y 7000 ans environ, la pomme de terre pousse maintenant sur tous les continents, mis à part l'Antarctique. Elle se situe au quatrième rang des cultures vivrières les plus importantes après le maïs, le riz et le blé. Les agriculteurs du monde entier ont produit 309 millions de tonnes de pommes de terre en 2007.

La Chine est le premier consommateur mondial de pommes de terre, avec environ 48 millions de tonnes par an. Les plus gros mangeurs vivent au Bélarus, où 180 kilos sont consommés par personne chaque année.

Les pommes de terre peuvent être victimes d'infections virales, bactériennes et fongiques, qui les attaquent dans le sol ou en dehors. La plus connue est la maladie de la feuille de pomme de terre responsable de la famine de 1840, qui tua environ un million de personnes en Irlande et entraîna une émigration de masse.

Les chercheurs espèrent que la connaissance de ce génome les conduira à une avancée majeure dans leur capacité à mettre au point des variétés résistantes aux différentes maladies.

«A l'heure actuelle, il faut 10 à 12 ans pour développer une nouvelle variété de pomme de terre», a précisé l'IRRI dans un communiqué. «On s'attend à ce que cette cartographie réduise de façon spectaculaire le temps nécessaire à ce développement tout comme les coûts.»