Scorpions, serpents, jaguars ou encore sangsues: telle une arche de Noé ultra-moderne, le Muséum américain d'histoire naturelle (AMNH) à New York va stocker des échantillons d'ADN d'espèces menacées vivant aux États-Unis afin d'aider à leur protection.

Le Muséum et le Service des parcs nationaux américains ont signé un accord en ce sens la semaine dernière. Les échantillons congelés fourniront du matériel génétique permettant aux chercheurs d'étudier et de contribuer à la protection de centaines d'espèces. Les premiers échantillons envoyés à l'AMNH seront issus de renards du parc national des Channel Islands (Californie), de crocodiles américains et d'oies hawaïennes.

Le muséum possède déjà une collection d'échantillons ADN. Dans ses laboratoires en sous-sol, visibles dans le film «La Nuit au musée» (2006) avec Ben Stiller, une demi-douzaine de cuves remplies d'azote liquide peuvent stocker jusqu'à un million d'échantillons de tissus congelés. Une base de données informatique permet de localiser les prélèvements en quelques secondes.

Les parcs américains, qui ne possèdent pas un équipement aussi perfectionné, espèrent, grâce aux analyses ADN, arriver à mieux gérer les populations des espèces menacées. Les échantillons pourraient en effet donner des indications sur les déplacements des animaux sur terre et sur leur nombre.

Les échantillons vont fournir aux chercheurs «une méthode uniforme pour collecter, analyser et stocker du matériel génétique collecté dans les parcs», précise Dan Wenk, directeur par intérim du Service des parcs nationaux. Les échantillons d'ADN envoyés au Muséum sont «un grand atout» pour la loi américaine sur les espèces en danger de 1973, qui vise à restaurer les populations d'espèces menacées figurant sur une liste officielle à un niveau «viable».

Même si l'ADN est extrait des tissus, le clonage «ne fait pas partie de notre mission», précise Julie Feinstein, qui dirige la collection génétique du musée. Le principal objectif est la préservation des espèces. «Nos parcs sont nos espaces naturels les plus précieux», souligne de son côté George Amato, directeur de l'Institut Sackler pour la génomique comparative au Muséum.

De nombreuses initiatives visant à protéger des espèces menacées dans le pays sont couronnées de succès, précise-t-il. Le Parc national des Channel Islands (Californie) a ainsi mis en place un programme de reproduction en captivité pour les renards. Ceux-ci ont vu leur population sur les îles de San Miguel, Santa Rosa et Santa Cruz atteindre environ 650 animaux, permettant ainsi l'arrêt du programme.

Le laboratoire de l'AMNH fait partie de la Collection Ambrose Monell pour la recherche moléculaire et microbienne, qui permet aux généticiens d'utiliser gratuitement ses échantillons depuis 2001.