Des experts du sida ont appelé mercredi à abroger les diverses lois qui dans le monde criminalisent les séropositifs, et qui selon eux ne font qu'aggraver l'épidémie.

Au moins 68 pays ont des lois qui punissent le fait de ne pas révéler sa séropositivité, d'exposer autrui à une transmission du virus ou de transmettre le virus, ont souligné ces scientifiques, dans une déclaration à l'occasion de la 22e Conférence internationale sur le sida, à Amsterdam.

D'après eux, certains séropositifs se retrouvent poursuivis pour des cas « où il n'y avait aucune intention de nuire, où la transmission du VIH ne s'est pas faite et où cette transmission était extrêmement improbable, voire impossible ».

Parmi les 20 signataires de cette déclaration diffusée par l'Onusida, on trouve Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour la découverte du virus du sida.

« Ces lois sont inefficaces et sans justification », a affirmé à l'AFP une autre signataire, Linda-Gail Bekker, chercheuse à l'université du Cap (Afrique du Sud).

« Plutôt que de réduire l'infection au VIH ou de protéger quiconque, ces lois mal conçues ont toutes les chances d'aggraver l'épidémie en détournant les gens (...) des services et de l'information, les poussant dans la clandestinité », a-t-elle ajouté.

Le virus responsable du sida « n'est pas facilement transmis d'une personne à une autre », ont rappelé les scientifiques.

Le risque de transmission au cours d'un rapport sexuel non protégé unique est « faible ». Et l'on sait aujourd'hui qu'il n'y a « aucun risque de transmission du VIH quand on embrasse, mord, érafle », écrit l'Onusida.

« La criminalisation du VIH est un phénomène croissant dans le monde qui vise injustement les séropositifs », a estimé Sally Cameron, de l'organisation HIV Justice Worldwide, citée par l'Onusida.