L'avion Solar Impulse 2 s'est offert un «magnifique» périple au-dessus de l'Italie, de la Tunisie puis des pyramides avant d'atterrir au Caire, avant-dernière étape de son tour du monde avec le Soleil pour unique carburant.

Dans les jours à venir, l'avion solaire entamera d'Égypte la dix-septième et dernière étape de son périple vers Abou Dhabi (Émirats arabes unis), d'où il était parti le 9 mars 2015. En juin, il était entré dans l'Histoire en réussissant sa première traversée de l'Atlantique.

Après avoir survolé les très célèbres pyramides de Guizeh et le Sphinx, l'appareil en provenance d'Espagne s'est posé mercredi à l'aéroport du Caire à 7h10 (1h10 HE) sous les applaudissements de l'assistance, a constaté une journaliste de l'AFP.

Un périple de 3745 kilomètres, effectué en 48 heures et 50 minutes, selon un communiqué.

«C'était fantastique, tout a très bien marché», s'est exclamé le Suisse André Borschberg, 63 ans, aux commandes de l'avion pour la dernière fois, communiquant avec le centre de contrôle de l'avion à Monaco, en direct sur internet.

Pesant 1,5 tonne, mais aussi large qu'un Boeing 747, le Solar Impulse 2 vole à une vitesse moyenne de 50 km/h grâce à des batteries qui emmagasinent l'énergie solaire captée par quelque 17 000 cellules photovoltaïques sur ses ailes.

«J'ai vu tous les pays, l'Algérie, la Tunisie, l'Italie (...) c'était magnifique, j'ai tout vu», a-t-il ajouté.

À sa descente de l'avion, il a été accueilli par les applaudissements de son équipe qui l'attendait au sol, embrassant son compatriote Bertrand Piccard, avec qui il pilote en alternance le Solar Impulse 2 depuis plus d'un an.

Cap sur Abou Dhabi

Le 23 juin, l'avion avait atterri à Séville, dans le sud de l'Espagne, après avoir réalisé le premier vol transatlantique d'un aéroplane capable de voler sans carburant, grâce à ses batteries emmagasinant l'énergie solaire.

Et c'est M. Piccard qui dans les jours à venir va prendre les commandes pour la dernière étape: cap sur Abou Dhabi.

«On fait des petites siestes de 20 minutes. Des exercices dans le cockpit, une demi-heure, le matin et l'après-midi, sinon au bout de plusieurs jours on peut plus bouger ses bras et ses jambes», a expliqué M. Piccard à des journalistes à l'aéroport du Caire.

Il est lui-même issu d'une famille de scientifiques et d'inventeurs. Son grand-père Auguste a inspiré le dessinateur Hergé pour créer le personnage du professeur Tournesol dans les aventures de Tintin.

«Quand vous êtes plusieurs jours dans les airs, vous avez l'impression d'être dans un film de science-fiction: vous regardez le soleil, vos moteurs qui fonctionnent des jours et des jours sans carburant», a-t-il ajouté. «Vous pensez que c'est un miracle, mais c'est la réalité d'aujourd'hui. C'est ce qu'on peut faire avec ces nouvelles technologies».

L'évènement était retransmis en direct sur plusieurs télévisions égyptiennes, et le ministre égyptien de l'Aviation civile, Chérif Fathy, était sur le tarmac de l'aéroport pour accueillir le pilote.

L'avion a jusqu'ici fait escale à Mascate (Oman), Ahmedabad et Varanasi (Inde), Mandalay (Birmanie), Chongqing et Nanjing (Chine), puis Nagoya (Japon) et Hawaï (États-Unis), où il avait fait une escale technique imprévue de plusieurs mois.

Il a également traversé l'Amérique du Nord, s'arrêtant à San Francisco, Phoenix, Tulsa, Dayton, Lehigh Valley et enfin New York.

La cabine du Solar Impulse 2, équipée de bouteilles d'oxygène pour permettre aux pilotes de respirer, n'est pas pressurisée. Le cockpit est toutefois recouvert d'une mousse isolante pour atténuer les températures extrêmes en vol, entre +40 et -40 degrés Celsius.

Les internautes peuvent suivre en direct ce périple dont le but est de promouvoir l'usage des énergies renouvelables grâce à des caméras installées dans la cabine, sur la queue et sous les ailes de l'appareil.

«Très bientôt il y aura des passagers sur des avions électriques qui seront rechargés sur le sol», a pronostiqué M. Piccard, estimant toutefois qu'il faudra attendre avant d'en avoir sur des avions solaires.