Un satellite destiné à étudier les variations d'activité du Soleil et leur effet éventuel sur le climat terrestre doit être lancé le 15 juin depuis le cosmodrome de Yasny (Russie), selon le Centre national français d'études spatiales (CNES).

Situé à 150 millions de km de la Terre, le Soleil voit son activité fluctuer selon des cycles de onze ans.

Le satellite Picard a été conçu pour mesurer simultanément la vitesse de rotation du Soleil, sa puissance rayonnée, la présence de taches à sa surface, sa forme et son diamètre afin d'étudier les relations entre ces différents éléments.

Les données recueillies doivent permettre «d'évaluer l'influence de notre astre sur l'évolution des températures terrestres et sa contribution au réchauffement climatique», précise le CNES.

«Pour certains experts, plus de 80% du changement climatique actuel proviendrait des gaz à effet de serre et 10-20% du Soleil. Mais tout le monde n'est pas d'accord avec ces proportions», rappelle le CNES dans un dossier présentant la mission Picard. D'où l'intérêt de mieux connaître la «variabilité solaire».

Les taches, zones moins chaudes à la surface du Soleil, sont marquées par une intense activité magnétique. Leur nombre augmente avec l'activité solaire, au début d'un cycle de onze ans, avant de diminuer ensuite.

Les données fournies par le satellite Picard doivent permettre de reconstruire l'histoire climatique du Soleil et de modéliser son activité.

Ce microsatellite d'un poids de 150 kg porte le nom de l'astronome français Jean Picard qui, au XVIIe siècle, avait mesuré le diamètre du Soleil et sa relation avec l'activité solaire.

Une diminution de température moyenne, le minimum de Maunder (1645-1715), avait été constatée à cette époque, ainsi que l'absence de tache solaire visible. Le Soleil a-t-il alors été le siège d'une «baisse de régime» à l'origine d'un refroidissement sur Terre ?

Le satellite Picard, prévu pour observer le Soleil deux à trois ans au moins, voire cinq ans, comme l'espèrent les scientifiques, devrait étudier la «phase ascendante» de l'activité de notre étoile, au début d'un nouveau cycle (le cycle 24) après une période calme.

C'est surtout dans le domaine du rayonnement ultra-violet que les variations du flux solaire se manifestent. Dans la stratosphère, ces UV sont à l'origine de la formation de la couche d'ozone et réchauffent les hautes couches de l'atmosphère, selon les scientifiques.

Picard, qui doit être placé en orbite à 725 km d'altitude devra analyser le rôle du Soleil dans la création et la destruction de l'ozone atmosphérique.

Egalement chargé d'étudier la structure interne de notre étoile, il devra aussi détecter «des événements solaires pouvant provoquer des incidents terrestres». Des systèmes de navigation par satellite, de télécommunication ou de distribution d'électricité ont déjà souffert lors de violentes éruptions à la surface du Soleil, entraînant d'importants flux de rayons X ou UV et de particules.

Picard, microsatellite de 150 kg, est équipé d'un télescope, Sodism, qui effectuera des images du Soleil dans cinq longueurs d'ondes et de deux autres instruments (Premos et Sovap) destinés à mesurer la puissance totale émise par le Soleil.

Il doit être mis en orbite par un lanceur Dnepr qui doit décoller mardi à 10H42 heure de Montréal de Yasny, près d'Orenbourg, non loin de la frontière avec le Kazakhstan, en emportant également deux satellites du programme suédois Prisma destinés à maîtriser le vol en formation.