La plus ancienne des chauve-souris connues avait la faculté d'émettre des sons pour se déplacer en fonction de l'écho que ceux-ci renvoyaient, selon une étude parue dimanche dans Nature qui rouvre le débat sur l'antériorité de l'écholocation par rapport à la faculté de voler.

L'écholocation permet aux animaux de se mouvoir dans l'obscurité partielle ou totale en reconstituant dans leur cerveau une image de leur environnement à partir de la réflexion des sons qu'ils émettent vers les objets se trouvant dans leur champ auditif.

La technique est utilisée par au moins quatre types de mammifères, les chauve-souris, les baleines, les musaraignes et le tenrec, un petit insectivore de Madagascar, ainsi que par au moins deux oiseaux, le Guacharo des cavernes en Amérique du Sud et centrale, et la Salangane linchi, présente en Malaisie et en Indonésie.

En utilisant des systèmes de tomographie pour réaliser des images en 3D de 26 espèces de chauve-souris issues de 11 lignées différentes du point de vue de l'évolution, les chercheurs ont pu reconstituer avec une grande précision, et sans avoir besoin de les disséquer, la morphologie de ces petits mammifères.

L'équipe de scientifiques comprenant des biologistes, des spécialistes des neurosciences et de l'imagerie en trois dimensions, a mis en évidence l'importance pour l'écholocation d'un petit os situé entre l'oreille et le larynx chez les chauve-souris utilisant cet organe pour émettre des sons.

D'autres chauve-souris émettent des sons en produisant des clics avec leur langue. Dans les deux cas, les sons émis sont plus de 100 fois supérieur aux échos reçus.

Alors que certaines espèces de chauve-souris attendent de recevoir l'écho et se taisent avant d'émettre un nouveau son, chez d'autres, l'émission et la réception sont concomitantes mais sur des fréquences différentes (effet Doppler).

«Les fossiles montrent que ces différents comportements associés à l'écholocation utilisant le larynx existaient dès l'Eocène moyen» (41 à 37 millions d'années), selon l'étude.

Ces résultats ne permettent pas dès à présent de dire si la faculté de voler a précédé pour les chauve-souris celle de se diriger par écholocation, mais permettent de rouvrir le débat sur de nouvelles bases, soulignent les chercheurs.