Le superaccélérateur de particules, le LHC, qui a tant fait jaser l'an dernier, va redémarrer en novembre - mais moitié moins fort. Ça pourrait pourtant suffire, s'ils sont chanceux, pour détecter ces choses qu'il est censé détecter et que personne n'est arrivé à expliquer clairement.

Le boson de Higgs? La «particule Dieu»? Des expressions qui ont frappé l'imagination - surtout la deuxième -, mais qui signifient encore bien peu de choses. Même pour les physiciens, qui n'ont jamais observé ce fameux boson, et espèrent que le LHC, le Large Hadron Collider, leur permettra d'en confirmer l'existence, enfin.

On se rappellera que le LHC était tombé en panne en septembre 2008, à peine neuf jours après son « lancement ». Essentiellement, un problème misérablement technique - une connexion électrique qui surchauffe, bref un court-circuit - dans ce bidule de 10 milliards de dollars - avait endommagé plusieurs des électro-aimants géants, qui servent à maintenir les protons sur leur trajectoire dans le tunnel.

Or donc, il n'atteindra, des semaines après son redémarrage en novembre, que la moitié de sa capacité, soit 7 TeV (trillions d'électrons-volts) plutôt que 14. C'est un compromis, entre ceux qui voulaient presser le pas pour son redémarrage et ceux qui veulent prévenir un autre court-circuit. Mais même ainsi, ce sera loin au-dessus du record historique de 2 TeV établi par le superaccélérateur de particules américain Tevatron, en Illinois.

Certains physiciens disent que 7 TeV, c'est juste au-dessus du seuil nécessaire pour détecter ces «particules exotiques» qui, pour l'instant, n'existent que... dans leurs équations. D'autres physiciens prétendaient, l'an dernier, que 14 TeV ne serait peut-être même pas suffisant pour atteindre ce seuil. Allez savoir.

Ce qui est sûr, mais guère plus clair pour les profanes, c'est qu'entre 1 et «quelques» TeV, «les mathématiques soutenant le modèle standard» de notre univers commencent à perdre des plumes.

C'est quoi, ces 7 TeV? C'est une énergie colossale, obtenue pendant une infime fraction de seconde. Dans le tunnel en forme de beignet du LHC, on enverra des jets de protons l'un vers l'autre, dans l'espoir que quelques-uns entrent en collision, à une vitesse proche de celle de la lumière.

C'est l'énergie dégagée par cette collision qui génère ces trillions d'électrons-volts : l'équivalent des conditions qui prévalaient un infime moment après le Big Bang, un infime moment nécessaire pour observer ces particules exotiques qui, autrement, échappent à nos regards.