Une enquête menée auprès d'un demi million de personnes des deux sexes dans 34 pays révèle que 70% ont montré un sexisme implicite en liant les hommes aux activités scientifiques plutôt que les femmes, selon les résultats de cette étude publiée lundi.

Les stéréotypes implicites -- des pensées qu'on ne souhaite pas exprimer ou même inconscientes-- pourraient décourager les filles de faire des études scientifiques et mathématiques et même affecter leurs performances, expliquent les auteurs de cette recherche parue dans les Annales de l'académie nationale des sciences (PNAS) datées du 22 au 27 juin.De plus, dans les pays où ces stéréotypes sont les plus ancrés dans la population, les garçons obtiennent de meilleurs résultats que les filles en science et en mathématique en classe de quatrième.

«Nous avons trouvé une tendance générale dans tous les pays dans lesquels nous avons conduit cette enquête, montrant que la population lie le plus souvent les concepts scientifiques au sexe masculin qu'au sexe féminin», explique Brian Nosek, professeur de psychologie à l'Université de Virginie (est), principal auteur de cette recherche.

Les participants devaient, en réponse aux questions posées rapidement, classer les mots se référant au sexe masculin comme «il», «fils» et «père» ou au sexe féminin comme «elle», «fille' et «mère» avec des termes liés à la science tels que «la physique», «la biologie» et «la chimie» ou des sciences sociales comme «histoire, arts et littérature.»

La plupart des participants ont plus rapidement associé les mots relatifs à la science au sexe masculin qu'au sexe féminin, expliquent les auteurs de cette recherche.

Ils ont aussi été surpris de l'absence totale de différence entre les deux sexes dans la tendance à identifier en grande majorité la science avec le sexe masculin.

«La culture est une force puissante pour façonner les croyances et les comportements de ses membres», relève Brian Nosek.

«Nous pensons que les stéréotype implicites et le fossé entre les sexes dans leur capacité de réussite dans les domaines scientifiques se renforcent mutuellement», ajoute-t-il dans un communiqué.

«Quand les gens voient que les hommes travaillent plus souvent dans les domaines scientifiques et que les femmes sont plus présentes dans les domaines non-scientifiques, il se développe dans leur esprit un préjugé selon lequel les hommes sont plus apte aux sciences», poursuit le chercheur.

Cette étude a été menée dans le cadre du projet dit «Implicit», un site internet de recherche et d'éducation accessible au public. Des tests similaires sont disponibles pour un ensemble de sujets tel que l'identité raciale, la religion et la politique.