Des polluants environnementaux trouvés dans des poissons pourraient inhiber la capacité du système de défense naturelle de l'organisme à éliminer les toxines, selon une étude publiée vendredi aux États-Unis.

Une protéine qui se trouve dans les cellules de quasiment tous les animaux et végétaux appelée P-gp agit un peu comme un « gros bras » qui expulse les substances chimiques étrangères du corps, expliquent les chercheurs du Scripps Institution of Oceanography à l'Université de Californie à San Diego.

Cette protéine est également connue pour sa capacité, néfaste cette fois, à expurger des médicaments anti-cancer des cellules cancéreuses. Elle rend même parfois ces dernières résistantes à plusieurs traitements, précisent-ils dans la revue américaine Science Advances.

Ces scientifiques ont effectué des tests en laboratoire pour déterminer l'efficacité de la protéine P-gp à nettoyer les cellules humaines et animales de polluants industriels et agricoles, appelés polluants organiques persistants (POP), trouvés dans les fruits de mer et les poissons.

Ils se sont concentrés sur les dix POP les plus communément décelés dans l'urine et le sang humains, ainsi que dans les tissus musculaires des thons jaunes. Parmi eux le DDT, un pesticide ancien interdit depuis les années 1970, et de nouvelles substances chimiques industrielles comme des ignifuges.

Les chercheurs ont conclu que les dix polluants testés interfèrent à différents degrés avec la capacité de la protéine P-gp à protéger les cellules.

Ils ont également déterminé comment l'ignifuge PBDE-100, le plus utilisé dans les mousses, les plastiques et les tissus d'ameublement, s'attache à la protéine P-pg et l'empêche d'effectuer sa fonction de nettoyage de la cellule.

« Quand on mange des poissons et fruits de mer contaminés nous prenons le risque de réduire l'efficacité d'un système clé de défense de notre organisme », pointe Amro Hamdoun, professeur de biologie à la Scripps Institution, principal auteur de l'étude.

Selon ces chercheurs, les nouveau-nés sont les plus vulnérables à ces polluants car ils ont un nombre encore faible de protéines protectrices P-gp.

Les larves de poissons sont également menacées car l'accumulation des polluants pourrait affaiblir leur système de défense pour combattre d'autres substances polluantes marines.

Ces scientifiques estiment que toutes les substances chimiques qui se retrouvent dans l'environnement devraient être testées pour déterminer si elles entravent l'efficacité du système naturel de l'organisme à éliminer les toxines et autres corps étrangers.

Ils rappellent que l'Agence américaine des médicaments (FDA) recommande des tests similaires pour les produits pharmaceutiques.