Un tremblement de terre survenu cette semaine au milieu d'un champ de pétrole albertain qui est sujet à d'intenses fracturations hydrauliques n'est que l'un des nombreux événements du genre à se produire sur le continent, affirment des scientifiques.

Mais alors que la quantité de recherches sur « l'activité sismique provoquée » est en croissance, le lien entre la fracturation et les secousses est toujours un mystère.

David Eaton, un géophysicien de l'Université de Calgary, affirme que si l'on regarde les dizaines de milliers de puits qui ont fait l'objet de fracturation hydraulique dans l'ouest du Canada, moins de 0,5% d'entre eux sont associés à une activité sismique provoquée.

Il s'interroge sur les facteurs qui font en sorte que des secousses sont fréquentes dans certains secteurs et entièrement absentes dans d'autres.

Mardi, un tremblement de terre d'une amplitude variant entre 4,2 et 4,8 a fait bouger les cadres sur les murs des maisons de Fox Creek, une communauté au centre du champ de pétrole et de gaz de Duvernay.

Cette secousse était la plus récente - et la plus puissante - parmi les centaines survenues près de cette communauté depuis 2013.

La fracturation se fait par l'injection sous haute pression de fluides dans le sol pour créer des fissures dans la roche qui va ainsi relâcher le gaz naturel ou le pétrole qui s'y trouve. Les scientifiques s'entendent pour dire que la fracturation ou l'injection d'eaux usées dans les puits peut causer des tremblements de terre.

« Dans la communauté des sciences de la Terre, je ne crois pas qu'il y ait un seul doute, a déclaré Arthur McGarr, de l'Institut géologique des États-Unis. Les scientifiques sont tous du même avis. »

Mais de nombreuses questions sont toujours sans réponse. Les experts doivent déterminer quand la fracturation est la cause de tremblements de terre et quand ils sont plutôt causés par des eaux usées qui sont injectées dans de profondes nappes phréatiques.

« L'élimination des eaux usées, du moins aux États-Unis, a été la cause principale des séismes, a dit M. McGarr. Au Canada, il n'est pas certain que les choses fonctionnent de la même façon. Cette question est encore débattue. »

M. Eaton a dit que les scientifiques tentent d'identifier à l'avance les cas où des failles et des caractéristiques souterraines pourraient poser des problèmes.

« Mais la preuve qui ressort de ces études est que les caractéristiques qui sont détectables avec l'imagerie sismique ne sont pas nécessairement problématiques, alors que des caractéristiques qui sont très difficiles à voir avec la technologie géophysique que nous avons sont probablement celles qui sont problématiques », a-t-il précisé.

Des recherches sont actuellement réalisées de façon urgente afin de trouver des façons d'identifier ces caractéristiques à l'avance.

Bien que la fracturation existe depuis des décennies, on a vu au cours des dernières années cette technique combinée avec du forage horizontal et une pression plus importante.

« C'est fait plus souvent, sur une plus grande échelle avec des volumes d'injection plus importants », a dit M. Eaton.

Les plus importants tremblements de terre provoqués sont arrivés en Colombie-Britannique, où ils ont atteint une amplitude d'environ 5,0. Autour de Fox Creek, l'intensité des secousses va en grandissant, a déclaré le géophysicien Jeff Gu, de l'Université de l'Alberta.

Il dit que l'on doit garder un oeil sur ces séismes.

« Nous devons nous assurer d'avoir suffisamment de capacité de surveillance en cas d'un plus gros événement. L'intégrité des puits devrait être inspectée plus régulièrement, surtout là il y a de petits tremblements de terre. Car ceux-ci pourraient être les précurseurs de séismes beaucoup plus importants », a-t-il dit.