Le secret de la fidélité chez certains manchots: ne pas trop se voir, selon une étude publiée mercredi dans la revue Biology Letters de la Royal Society britannique.

Les mêmes couples de manchots se reforment chaque été au moment de la reproduction. Mais qu'en est-il de ces couples «pour la vie» pendant leur longue migration hivernale?

Pour éclaircir ce mystère, une équipe de chercheur a étudié, grâce à des outils de géolocalisation et des marqueurs biochimiques, dix couples d'une espèce de manchots monogames, le gorfou sauteur, d'une colonie des îles Malouines.

«Nous avons cherché à savoir si les partenaires maintenaient le contact ou se retrouvaient dans des lieux spécialement dédiés à leur retrouvailles», précisent les chercheurs.

Résultats: c'est tout le contraire! Les partenaires sont continuellement séparés par des centaines voir des milliers de kilomètre. Pour un couple, cette distance a même frôlé les 2500 km au mois de juin.

Chez certaines espèces migratrices, les mâles et les femelles passent l'hiver dans des zones séparées et donc la séparation des couples est implicite.

Mais ce n'est pas le cas des gorfou sauteur. «Les partenaires sont éloignés les uns des autres pendant l'hiver alors que les mâles et les femelles peuvent se mélanger sur les aires d'hivernage. Cette constatation est vraiment intriguante», explique à l'AFP Jean-Baptiste Thiebot de l'Institut national de recherche polaire à Tokyo, Japon.

Au cours d'une année, les couples ne passent qu'un temps limité ensemble. Ils sont réunis 20 à 30 jours pendant la période de reproduction, 2 à 3 jours lors de l'incubation, et les nuits des 70 premiers jours des poussins. Les partenaires sont donc ensemble que 23% du temps, moins de 3 mois par an.

Ce qui ne les empêche pas de se remettre ensemble à chaque retour de voyage: sur les dix couples étudiés, sept se sont reformés après l'hiver.

Deux manchots rentrés sans leur moitié se sont accouplés avec un nouveau partenaire. Les quatre oiseaux qui manquaient à l'appel, se sont intégrés à une autre colonie ou sont morts en mer, selon l'étude.

«Parfois mais rarement, deux anciens partenaires choisissent de nouveaux conjoints», nuance Jean-Baptiste Thiebot.

Mais «être séparés par des centaines de kilomètres la plus grande partie du temps n'empêche pas nos oiseaux marins de se reproduire avec le même partenaire que l'année précédente», constatent les chercheurs.