Une étude sur les singes a permis de repérer comment s'élabore dans le cerveau une stratégie pour obtenir des récompenses qui pourrait être utile dans la recherche médicale pour découvrir le mécanisme de la dépression ou de la dépendance chez les êtres humains.

Chez tous les primates, dont les humains, les fonctions de planifications sont traditionnellement imputées au lobe frontal, rappellent les chercheurs.

L'amygdale cérébrale, située dans le lobe temporal, est pour sa part une zone du cerveau jouant un rôle dans les émotions, comme l'anxiété et la colère. Son rôle dans la réaction aux récompenses est également connu.

Cette étude, menée par des chercheurs en Grande-Bretagne et en Hongrie et publiée sur le site Nature Neuroscience, montre qu'au-delà des réactions primaires, l'amygdale est également impliquée dans la démarche de planification à long terme pour recevoir une récompense.

Pour mener cette étude, Fabian Grabenhorst, de l'Université de Cambridge, et ses collègues, ont fait passer des épreuves à deux singes avec, à chaque étape, pour gratification un jus de fruit.

À chaque tour, les animaux pouvaient soit consommer de suite leur récompense, soit choisir de la garder pour plus tard, avec la possibilité d'y ajouter en prime des intérêts, c'est-à-dire plus de jus de fruit, au fur et à mesure de l'avancée du test.

Quand les singes choisissaient d'épargner, l'enregistrement de l'activité des neurones de l'amygdale a montré des schémas reflétant le nombre d'étapes durant lesquels les primates comptaient épargner pour augmenter leur récompense, avant même qu'ils aient mis leur plan en action.

«Nous parlons d'activité planifiée, car cette activité précédait l'issue de la séquence d'épargne de plusieurs étapes et car elle se réfère à un événement futur déterminé personnellement par l'animal et qui n'existait encore qu'intérieurement», souligne l'étude.

Avant l'expérience, les deux animaux ont été entraînés durant 3 à 4 mois pour savoir répondre aux tests, et on a implanté des électrodes dans leur cerveau pour observer les neurones de l'amygdale. À l'issue des tests, ils ont été euthanasiés et disséqués.

Les scientifiques soulignent que cette étude mêlant la neurophysiologie et le contrôle interne pourrait aider à découvrir les autres zones du cerveau dédiées à la planification d'une stratégie pour obtenir une récompense dans le cerveau.

«Ces schémas d'activité pourraient être utilisés par le lobe frontal pour traduire le but envisagé en plan d'action concret», indique M. Grabenhorst, interrogé par l'AFP.

Les fonctions de l'amygdale étant similaires à travers les espèces, «cela suggère que nos découvertes peuvent faire avancer notre compréhension de la fonction de l'amygdale dans l'activité de planification chez l'humain».

Cela permettrait «d'ouvrir de nouvelles voies pour comprendre la fonction de l'amygdale dans les maladies comme la dépression, la dépendance et autres dérèglements de la poursuite de récompenses», ajoute-t-il.