Une nouvelle espèce de dinosaure entièrement couvert de plumes, à la queue d'une longueur exceptionnelle, a été identifiée en Chine et renforce la théorie selon laquelle le vol existait déjà avant l'apparition des oiseaux, indique une étude publiée mardi.

Vieux de 125 millions d'années, le reptile a été baptisé Changyuraptor yangi et appartient au groupe des «microraptoriens», ces dinosaures de petite taille aux pattes et à la queue emplumées qui leur donnaient vraisemblablement l'allure de gros poulets dotés de dents. Malgré la présence de ces plumes et leur anatomie rappelant celle des oiseaux, la capacité des microraptoriens à planer ou à voler continue à provoquer de vifs débats entre spécialistes.

Exhumé du fabuleux gisement fossile de Jehol, dans la province de Liaoning (nord-est de la Chine), Changyuraptor mesurait environ 1,30 m de la pointe du nez au bout de la queue. Et à elles seules, les plumes ornant cette queue représentaient près d'un tiers de sa longueur totale, soulignent les chercheurs.

«Avec 30 cm de long, ces extraordinaires plumes de la queue du Changyuraptor sont de loin les plus longues jamais trouvées chez un dinosaure à plumes», assure dans un communiqué Luis Chiappe, paléontologue au Muséum d'histoire naturelle de Los Angeles, qui a participé à l'identification de ce spécimen.

Des analyses de la structure osseuse de l'animal ont montré qu'il avait atteint sa taille adulte et qu'il devait peser environ 4,5 kg, ce qui en fait le plus gros de tous les dinosaures «à quatre ailes» connus. Un surnom donné à cette famille de dinosaures en raison de la présence de plumes sur leurs quatre pattes (antérieures et postérieures) qui a amené de nombreux chercheurs à la conclusion qu'ils étaient capables de voler, même maladroitement, pour capturer leurs proies.

«De nombreuses autres caractéristiques longtemps associées avec les oiseaux ont en réalité évolué chez les dinosaures bien avant que les oiseaux n'entrent en scène», affirme Alan Turner, spécialiste en anatomie à l'université Stony Brook de New York, coauteur de l'étude publiée par la revue Nature Communications.

«Ca inclut par exemple les os creux, la nidification, les plumes... et peut-être bien le vol», détaille-t-il.

Si tel est le cas, les oiseaux et leurs ailes n'auraient pas la primeur du vol, mais en auraient hérité de leurs ancêtres reptiliens.

Tout en se gardant bien de se prononcer sur les capacités aériennes du Changyuraptor (vol battu, vol plané ou seulement «bonds améliorés»), les chercheurs estiment que son imposante queue emplumée devait lui permettre de contrôler sa descente «et donc jouer un rôle clef dans l'atterrissage» en diminuant sa vitesse d'approche au sol.

«Ce nouveau fossile illustre le fait que chez les dinosaures, le vol n'était pas limité aux très petits animaux», analyse Luis Chiappe. «Il faudra beaucoup d'autres éléments pour saisir toutes les nuances du vol chez les dinosaures, mais le Changyuraptor nous fait faire en grand bond en avant», se réjouit-il.