La découverte sans précédent en Patagonie Argentine d'une grande quantité de restes fossilisés d'un gigantesque dinosaure pesant plus de 100 tonnes pourrait mener à d'autres découvertes du même type dans la région, mais aussi lever une partie du mystère sur cette époque mal connue.

Des paléontologues argentins viennent d'annoncer la découverte des restes fossilisés d'un titanosaure, membre de la famille des sauropodes herbivores. Selon ses découvreurs, le quadrupède mesurait environ 40 mètres de la tête à la queue et pesait l'équivalent d'environ 14 éléphants.

Fait exceptionnel, les fouilles ont mis au jour le squelette quasi-complet de ce dinosaure, permettant potentiellement de reconstituer cette créature aussi haute qu'un immeuble de sept étages.

Lorsque les fouilles ont débuté en janvier 2013, les scientifiques n'imaginaient certainement pas retrouver les fossiles de presque tous les ossements d'un dinosaure géant, soit 10 vertèbres du torse, 40 de la queue, une partie du cou et la totalité des pattes de l'animal qui vécut vraisemblablement au Crétacé supérieur.

C'est la «découverte la plus complète de ce type de dinosaure au niveau mondial», a assuré à l'AFP Jose Luis Carballido, paléontologue du Musée Egidio Feruglio de Trelew, ville patagonienne située à 1400 kilomètres au sud de Buenos Aires.

Selon Ruben Cuneo, directeur du musée paléontologique Egidio Feruglio de Trelew, il s'agit de «l'exemplaire le plus grand connu», vieux d'au moins 90 millions d'années.

Hors d'Argentine, la communauté scientifique se veut toutefois plus prudente, notamment sur l'estimation de la taille et du poids du vertébré et demande que le squelette soit mesuré de manière adéquate.

Paul M. Barrett, du Musée d'histoire naturelle de Londres, reconnaît que ce dinosaure «semble faire partie des plus grands jamais découverts. Toutefois, note-t-il, nous avons besoin d'en savoir davantage sur la taille totale et les proportions du squelette et utiliser différentes méthodes pour déterminer son poids avant d'affirmer que c'est le plus grand dinosaure jamais découvert».

«De nombreuses choses restent à prouver», relève de son côté David Burnham, de l'Université du Kansas, tout en saluant cet évènement remarquable

- Patagonie, terre de gigantisme -

En attendant que les experts établissent avec certitude ces mesures, les scientifiques argentins soulignent que cette découverte exceptionnelle de fossiles pourrait ne constituer qu'un début, car les restes de six autres dinosaures - plus petits et plus jeunes - ont déjà été découverts sur le même site.

Les paléontologues ont notamment mis la main sur 60 dents, dont 57 ayant appartenu à des Teranotitan, les théropodes carnivores les plus grands jamais répertoriés.

«Nous avons estimé avoir seulement récupéré 20%» des fossiles dans cette zone», explique M. Carballido, qui fait partie de l'équipe de huit scientifiques qui supervisent les fouilles.

Les fossiles ont été repérés en 2011 sur un terrain privé par un paysan tombé par hasard sur un fémur de 2,40 mètres à 260 km de Trelew, dans la province de Chubut.

La Patagonie est une région riche de découvertes paléontologiques où les restes du premier diplodocus d'Amérique du Sud ont été découverts récemment. A l'époque pré-historique, les prairies de la «pampa» argentine étaient couverte d'arbres de plus de 15 mètres de haut qui satisfaisaient les besoins alimentaires d'herbivores pouvant peser 100 kg à la naissance et atteindre 80 tonnes à l'âge adulte.

«Les dinosaures les plus grands connus ont peuplé le sud de l'Argentine (...) Nous ne pouvons expliquer pourquoi cette zone était propice au gigantisme, mais nous allons pouvoir commencer à étudier (les fossiles découverts) pour déterminer l'histoire évolutive», explique M. Carballido, ajoutant que des fossiles d'arbres et de feuilles également retrouvés permettront de reconstituer l'écosystème de l'époque.

Les résultats de ces recherches, prévus d'ici un an, seront très attendus par la communauté scientifique.

«Vous pouvez véritablement reconstituer la vie passée lorsque vous tombez sur un tel trésor», explique le paléontologue américain David Burnham, de l'Université du Kansas.