La migration des papillons monarques fascine les scientifiques depuis des générations. Chaque année, à l'automne, ils volent sur 4000 km et plus, jusqu'à leur lieu d'hibernation au Mexique.

Une nouvelle recherche semble démontrer qu'ils font ce voyage à l'aide d'une boussole, mais sans carte. Ils ne seraient donc pas de « vrais navigateurs «, contrairement à plusieurs espèces d'oiseaux.

À la fin de septembre 2011, au moment du début de la migration, les chercheurs ont capturé 76 monarques dans le sud de l'Ontario. Pour déterminer dans quelle direction ils orientaient leur vol, ils les ont attachés à une tige et les ont enfermés dans un « simulateur de vol « qui les exposait au soleil, mais leur cachait le paysage.

Et les monarques s'orientaient vers le sud-ouest, c'est-à-dire le Mexique.

Ils ont ensuite transporté les papillons jusqu'en Alberta, 2500 km à l'ouest, et réalisé le même test. Résultat : les monarques ont continué de se diriger vers le sud-ouest, alors que leur destination se trouvait maintenant franc sud, voire sud-est.

Malgré sa simplicité, c'était la première fois qu'une telle expérience était tentée. Les résultats ont été publiés dans la revue Proceedings de l'Académie nationale des sciences des États-Unis.

Les chercheurs ont aussi étudié des données accumulées depuis 50 ans sur des monarques marqués, puis capturés. Une méthode d'analyse statistique éprouvée sur les oiseaux migrateurs tend à démontrer que les monarques s'éparpillent le long de leur route, comme s'ils n'avaient pas de carte.

La recherche note toutefois que la migration des monarques ne pourrait pas se faire sans une forme de repérage géographique. Les chercheurs croient qu'ils suivent les chaînes de montagnes et les côtes, ce qui les guide naturellement vers le Mexique.

Quelques doutes

Selon Maxime Larrivée, chef de la recherche et des collections à l'Insectarium de Montréal, la recherche est originale, mais ne permet pas de tirer de conclusions définitives.

« L'idée de base de les déplacer est élégante, mais il faut prendre le résultat avec un grain de sel «, dit-il. Il reconnaît toutefois que si, a contrario, les monarques « déménagés « en Alberta avaient aussitôt redirigé leur vol, « le résultat aurait été impressionnant «.

Il croit qu'on n'a peut-être pas laissé le temps aux monarques de s'habituer à leur nouvelle géographie. « La boussole du monarque est basée sur l'angle du soleil et le champ magnétique, dit-il. À 2500 km plus à l'ouest, l'angle du soleil n'est plus le même. Et ils ont aussi subi un décalage horaire. «